Légende bretonne
Il était une fois… lorsque des consignes sanitaires très strictes faisaient de notre ordinateur un compagnon encore plus fréquenté qu’à l’ordinaire, je naviguais sur la toile sans savoir où me menait ma dose quotidienne de coups de souris. Comment ai-je atterri sur le nom d’Alexandre Georges ? Souvenir de jeunesse puisque c’était le père de mon premier professeur de piano, Bernadette Alexandre-Georges, une disciple de Cortot à qui je dois ma vocation de musicien.
Le papa, Alexandre, dont la photo trônait sur le piano pendant mes leçons, avait été formé à la dure école Niedermeyer (comme Fauré). Né en 1850, organiste de l'église Saint-Vincent-de-Paul à Paris, très célèbre de son vivant, il était joué régulièrement à l'Opéra de Paris mais tomba totalement dans l’oubli après sa mort en 1938.
En 1904, il avait reçu commande de la pièce pour trompette et piano imposée au concours final du Conservatoire de Paris, la Légende de Larmor, dont on trouve quelques enregistrements sur Youtube. Après consultation de notre magicien de la trompette, Romain Leleu, nous tombons d’accord sur le fait que l’œuvre mérite d’être exhumée. L’idéal serait de pouvoir la jouer avec orchestre, ça parle davantage que la version trompette-piano. Une orchestration de musique française, c’est Anthony Girard qu’il nous faut. Il accepte de s’embarquer dans le projet et le répertoire des trompettistes se trouve en quelques clics enrichi d’une belle pièce avec orchestre que nous présentions en ce début d’année, loin des côtes bretonnes, au public lituanien de Kaunas. Grand succès. Nul doute qu’elle fera carrière.
Mais que venait faire Larmor dans cette légende? Et d’abord quel Larmor ? Larmor-Plage ou Larmor-Baden ?
Alexandre Georges n’avait rien de breton. Il était originaire d'Arras. Seul indice, sa femme était native de Port-Louis. Port-Louis qui fait face à Larmor-Plage de l’autre côté de la rade de Lorient. La couverture de la partition d'origine, même stylisée, n’aurait-elle pas une certaine ressemblance avec cette côte bien connue des surfeurs ? Quant à la légende, j’ai fini par faire le rapprochement avec celle de Ty-en-Diaul (maison du diable) dont il reste encore les ruines du manoir de Kerbihan à Larmor-Plage. On la trouve racontée en détail sur internet et la musique d’Alexandre Georges en offre une parfaite illustration. Fruit de mon imagination ou enquête menée à bon port ? A vous de juger. En ce qui me concerne, je vote pour Larmor-Plage.
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