L’immense Zimmermann

par
Zimmermann

Bernd Alois ZIMMERMANN
(1918 - 1970)
Concerto pour violoncelle et orchestre en forme de pas de trois–Musique pour les soupers du Roi Ubu–Stille und Umkehr
Jan-Filip TUPA (violoncelle), Radio Sinfonieorchester Stuttgart des SWR, dir. : Bernhard KONTARSKY
Témoignages d’Elke HEINDENREICH et de York HÖLLER
DDD–2017–73’ 15’’, 78’ 14’’ et 47’ 29’’–Textes de présentation en allemand et anglais–Cybele Records KIG 008

Comment se fait-il que Bernd Alois Zimmermann ne soit pas de nos jours un des musiciens les plus célébrés de la seconde moitié du XXe siècle, comme le sont Olivier Messiaen, Gyorgy Ligeti ou Henri Dutilleux alors que son catalogue, somme toute assez restreint, ne compte que des chefs-d’œuvre, à commencer par son opéra Les Soldats (1964) ou son Requiem pour un jeune poète (1969) d’après Rainer Maria Rilke ? Impossible de répondre à la question. Ou, à tout le moins, de fournir une réponse objective. Ce qui est sûr, c’est que tous ses admirateurs sont comblés aujourd’hui puisque aussi bien, grâce au label Cybele Records, ils peuvent se procurer un album de trois disques comprenant non seulement l’enregistrements de trois de ses œuvres, mais en outre l’enregistrement de sa propre voix ainsi que ceux de l’écrivain (l’écrivaine ?) Elke Heindenreich et du prolifique compositeur York Höller, lequel a été un de ses élèves à Cologne et qui lui rend un chaleureux hommage. Encore faut-il qu’ils connaissent l’allemand, Bernd Alois Zimmermann, Elke Heindenreich et York Höller ne s’exprimant, il va sans dire, que dans la langue de Goethe. Or voilà qu’en écoutant parler l’auteur des Soldats, et sans jamais comprendre ce qu’il dit, on se surprend à l’écouter avec la plus grande émotion, un peu comme si voix fort douce et sereine, sa voix post mortem, était une musique familière venue en droite ligne de l’au-delà…
La plus remarquable des trois partitions de l’album est probablement la Musique pour les soupers du Roi Ubu, un ballet « noir » en huit parties, que Bernd Alois Zimmerman a commencé à écrire en 1962 et qu’il a achevé cinq ans plus tard et dont la matière n’est faite que de citations, les unes plus impertinentes que les autres, notamment la toute dernière intitulée en français La Marche du décervelage – près de cinq minutes de musique folle, bouillonnante à souhait. Formidable.
Jean-Baptiste Baronian

Son 9 – Livret 6 – Répertoire 10 – Interprétation 9

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