Melaine Dalibert et David Sylvian, rencontre évidente

par

Vermilion Hours. Melaine Dalibert (1979-). Melaine Dalibert, David Sylvian. 48’41". 2025. Livret : anglais. Ici, d’ailleurs / Mind Travels MT022.

La rencontre se concrétise en 2018, quand le chanteur et musicien anglais David Sylvian dessine la pochette de l’album Musique pour le lever du jour de Melaine Dalibert : une pièce de plus d’une heure, dédiée à Stéphane Ginsburgh, que le pianiste et compositeur français conçoit comme une musique sans début ni fin – s’inscrivant dans l’utopie de La Monte Young, pionnier du minimalisme américain, fasciné par l’idée de musique éternelle, où les sons, continus, comme immuables, forment une aura méditative, transcendantale (il fonde, dans les années 1960, The Theatre of Eternal Music, avec Marian Zazeela, Tony Conrad, John Cale et Angus MacLise, dont les drones et les textures inspirent Terry Riley aussi bien que Brian Eno).

Au fil des années et des concerts, Dalibert fait évoluer l’œuvre, la peaufine, la resserre – presque un oxymore pour une musique qui se meut entre les espaces du temps, tressaille astucieusement dans la lumière, dont les répétitions ne lassent ni n’étonnent, immergeant l’auditeur dans un environnement sonore à la fois réconfortant et placidement évolutif : vingt minutes aujourd’hui, une durée nostalgique qui se réfère à la face du vinyle. Aux notes flottantes du piano s’adjoignent les nappes translucides et électroniques de Sylvian, artiste multifacette dont l’art plastique n’est pas la plus connue : il est à l’avant de la scène, au tournant des années 1980, avec Japan, un groupe glam, puis new wave, né à Londres en 1974, cultivant un sillon androgyne alors creusé par David Bowie, puis se tourne vers une musique ambient, seul ou en collaboration, entre autres, avec le claviériste japonais Ryuichi Sakamoto, Holger Czukay (cofondateur du groupe allemand de krautrock Can), le trompettiste américain Jon Hassell ou le guitariste anglais Robert Fripp (King Crimson).

Le couple piano/électronique est tout aussi réussi pour Arabesque, deuxième œuvre, d’une durée similaire, du disque – qui comprend aussi une version courte de chacune –, une pièce issue du système d’écriture, structuré et théorisé, de Melaine Dalibert, qui dessine au piano une lente et étirée sinusoïde autour d’une note fondamentale, qu’humanise, autre paradoxe, l’aura électronique étalée par David Sylvian.

Son : 8 – Livret : 6 – Répertoire : 8 – Interprétation : 8

Bernard Vincken

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