Mieczyslaw Weinberg au sommet !

par

Mieczyslaw Weinberg (1919 - 1996)
Sonate n°3 op. 126, pour violon solo – Trio op.48, pour violon, alto et violoncelle – Sonatina op. 46, pour violon et piano – Concertino op. 42, pour violon et orchestre à cordes – Symphonie n°10 op.98, pour orchestre à cordes
Kremerata Baltica – Gidon Kremer, violon et konzertmeister – Daniil Grishin, alto – Hiedre Dirvanauskaite, violoncelle – Danielis Rubinas, contrebasse – Daniil Trifonov, piano
2015-DDD-2CD : CD1, 51’CD2, 51’-Textes de présentation en anglais et allemand-ECM production-ECM 2368-6

Comme Chostakovich, Prokofiev et bien d’autres, Mieczyslaw Weinberg fait partie de ces compositeurs dont les œuvres furent longtemps confinées sur liste noire du régime soviétique. Avec ce nouvel enregistrement, Gidon Kremer prouve non seulement que Weinberg a sa place aux côtés des plus grands créateurs mais aussi que son œuvre révèle une grande intelligence et un raffinement de pointe. Weinberg n’échappe pas aux drames des deux guerres. Né en Pologne après la première Guerre et mort à Moscou en 1996, sa famille périt dans les camps, alors que lui-même parvient à fuir à Minsk puis à Tashkent (actuel Uzbekistan). Son œuvre, expressive et novatrice, se voit marquée par l’influence de son grand ami Chostakovich. Si ce dernier ne lui a jamais donné de cours, ils échangent leurs travaux, en discutent et croisent les idées, influençant ainsi leurs styles respectifs. Cinq œuvres pour cette nouvelle parution : trois opus issus de la jeune période du compositeur et deux autres plus matures dont la très complexe Sonate n°3 pour violon seul que Gidon Kremer conduit avec brio. Le Trio pour violon, alto et violoncelle (seule œuvre écrite pour cette formation) affiche des motifs folkloriques voire sarcastiques. L’ensemble est mené de main de maître par Kremer et Daniil Grishin et Giedre Dirvanauskaiten, tous deux membres de la Kremerata Baltica. La Sonatine op. 46 affiche plus clairement un style romantique où les mélodies, expressives et rythmiques, bénéficient d’un contrepoint maîtrisé. Très belle maturité d’esprit pour le jeune Daniil Trifonov, se mariant naturellement au son de Kremer. Les œuvres pour ensemble se caractérisent par ce qui fait de la Kremerata Baltica l’un des meilleurs ensembles au monde : l’écoute permanente, les dialogues engageant chaque pupitre et une maîtrise sans accros de l’instrument. Retour des motifs folkloriques et dansants avec le Concertino op. 42, avec notamment la valse du troisième mouvement alors que la Symphonie n°10 conclut l’enregistrement dans une synthèse du style de Weinberg. Commande du Moscow Chamber Orchestra, la pièce fait place à de nombreuses expérimentations, tant dans le style que dans la recherche des matériaux sonore et instrumental. Passionnante, vivante et expressive, l’œuvre de Weinberg parle d’elle même comme un genre à part entière. Avec la complicité de brillants musiciens, Gidon Kremer poursuit son travail attentif de l’œuvre d’un compositeur dont le style très personnel ne cesse de surprendre.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10

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