Paul Wranitzky : œuvres orchestrales, volume 5. Divertissement garanti !

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Paul Wranitzky (1756-1808) : La fermière rusée, ballet ; Performances, divertissement pour le 13 février 1803 ; Quodlibet pour le 13 février 1803 : Contredanse finale. 2021. Orchestre de chambre de la Philharmonie de Pardubice, direction Marek Štilec. Notice en anglais. 78.19. Naxos 8.574399. 

Le label Naxos propose le cinquième volet d’une intégrale des pages orchestrales d’un élève de Haydn, le Morave Paul Wranitzky, installé à Vienne dès 1776. Nous avons présenté le volume 1 qui inaugurait la série le 30 avril 2021, Christophe Steyne faisant de même pour le quatrième, le 15 janvier 2023. Nous renvoyons le lecteur à ces deux textes pour les indications biographiques.

Les œuvres qui composent ce volume 5 sont des premières discographiques. Bien en vue à la cour impériale viennoise, Paul Wranitzky se voit commander au milieu des années 1790 un ballet au thème rustique, dont on ignore la date de représentation et le contenu du livret. La notice précise cependant qu’une comparaison a pu être faite avec le contenu de l’opéra de Paisiello Il matrimonio inaspettato (1779), connu dans les pays germanophones sous le titre de Das listige Bauernmädchen. Le ballet de Wranitky (La fermière rusée) porte le même titre. L’intrigue est mince : devenu riche, un paysan a des idées de grandeur. Il veut marier son fils à une comtesse, ce qui n’arrange pas le jeune homme qui aime ailleurs. Tout finit bien : le fils épouse l’élue de son cœur et le paysan, comme dans les contes de fée, convole avec la comtesse. Wranitzky a tiré de ce sujet une partition aimable et divertissante de cinquante minutes, qui s’écoute comme elle le mérite : sans prise de tête. On ne peut lui nier des qualités de légèreté, et le métier du compositeur est là en termes d’orchestration dans une ouverture pleine de vivacité, des danses rustiques menées rondement, des fanfares de trompettes et, au milieu du ballet, un passage Allegro non troppo qui fait la part belle à un solo de violoncelle. 

Pour l’anniversaire de l’Empereur François II, Wranitzky est à nouveau sollicité en 1803 en vue de soirées musicales. La première commande est un autre ballet, Vorstellungen ; la notice précise que le titre peut avoir plusieurs significations mais peut se traduire aussi bien par « Performances » que par « Imaginations ». On ne connaît pas non plus le contenu de cet épisode dansé, aux caractères variés et pleins d’entrain, dont un autre Allegro non troppo où la finesse des violons, de la flûte ou de la clarinette rivalise avec la mandoline ou le piccolo. Le programme se termine par le final de Quodlibet, pour la même circonstance de 1803. Cette œuvre porte une série de titres pour ses différentes sections (Travail, Bonheur, Galop…) ; ils sont résumés musicalement dans ce final qui s’achève dans une atmosphère de fête.

Avec ce cinquième volume, Marek Štilec et sa phalange tchèque complètent un panorama qui sert, avec décontraction, d’agréables pages classiques. Le tout est mené avec un certain détachement, tout à fait de circonstance. Si ces pages ne sont pas vraiment indispensables, leur côté ludique et gracieux permet toutefois de passer des moments distrayants. Le meilleur de Wranitzky est ailleurs, dans ses multiples symphonies, comme celles qui sont sous-titrées « La Chasse » ou « La Tempête » que l’on peut retrouver dans les volumes 2 et 3 de la présente collection de Naxos. 

Son : 8,5  Notice : 9  Répertoire : 7,5  Interprétation : 8

Jean Lacroix

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