Les Planètes selon Daniel Harding

par

Gustav Holst (1874-1934) : The Planets. Chor und Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Direction : Daniel Harding.  2022. Livret en allemand et anglais. 56’48’’ BR Klassik. 900208. 

Ce disque est intéressant à plus d’un titre. Tout d’abord, le prestigieux Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks n’avait pas encore laissé de témoignage discographique dans la suite des Planètes de Gustav Holst. Considérant qu’il est l’une des phalanges les plus prestigieuses du monde, il est parfaitement légitime qu’il puisse y faire valoir la qualité démoniaque de ses pupitres. De son côté, Daniel Harding, l’une des baguettes les plus demandées de notre époque, n’avait pas encore affronté, au disque, cet Everest de la littérature symphonique britannique. 

On sait gré à Daniel Harding de livrer une lecture très personnelle de ce chef-d'œuvre. Le chef-pilote de ligne à ses heures perdues, refuse les effets faciles et démonstratifs et il se plaît à prendre le contre-pied des interprétations traditionnelles avec un regard introspectif et analytique.

Dès les premières mesures du martial mouvement consacré à "Mars", on est frappé par la retenue de la baguette. Le chef se joue d’une pulsation et d’un tempo retenu pour imposer un ton qui soigne la beauté des textures instrumentales d’un orchestre qui n’a aucune limite dans la précision des cuivres ou la palette des nuances. Dès lors, tout au long de cette interprétation, on va pouvoir admirer les sortilèges de Holst, magicien de l’orchestration. La direction de Harding caresse, polit, soigne les lignes mélodiques et les couleurs des pupitres. C’est un peintre face une fresque impressionniste, plus qu’un démonstrateur de l’orchestre du genre de James Levine (DGG), Mehta (Decca) ou Charles Dutoit (Decca). Tout est ici raffinement instrumental et cohérence stylistique. Harding revisite comme rarement l’arbre généalogique des inspirations et des analogies : Elgar plus que Strauss, Debussy plus que Ravel. La qualité magistrale de l’orchestre (et du choeur dans sa brève intervention finale) sont dignes d’éloges. 

Alors, il y a les lectures démonstratives citées qui restent des références, mais Harding laisse un témoignage original et pertinent qui rejoint les versions d'Evgueni Svetlanov (Collins) et Vladimir Jurowski (LPO) comme les passionnantes réinterprétations d’une partition que l’on connaît trop bien et qui mérite ce type de remise  à plat. 

Le son BR est également un sacré atout de cette lecture hifiste par la qualité de l'orchestre et raffinée par l'intelligence et le soin de la direction.

Son : 10  Notice : 10  Répertoire : 10  Interprétation : 10 

Pierre-Jean Tribot   

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