Sonates de Mozart par Renaud Capuçon et Kit Armstrong
Les sonates de Mozart par Renaud Capuçon et Kit Armstrong
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791): Sonates pour violon et piano (KV296, KV301-306, KV376-380, KV454, KV481, KV526, 547) ; 12 Variations en sol majeur “La bergère Célimène” KV.359 (374a) ; 6Variations en sol mineur “Hélas ! j’ai perdu mon amant” KV.360 (374b). Renaud Capuçon, violon ; Kit Armstrong, piano. 2022. Livret en anglais, allemand et français. 4 CD DGG. 4864463
Renaud Capuçon propose un premier temps d’un diptyque Mozart. Cette première étape se concentre sur les sonates pour violon à partir de la Sonate en Ut majeur, K.296. Il n’y a donc pas d’intégrale puisque ne figurent pas dans ce set les sonates de jeunesse, partitions sympathiques mais assez académiques, du moins bien inférieures aux œuvres proposées ici. Cette large sélection de sonates est complétée des deux cycles de variations “Hélas, j’ai perdu mon amant” et “La Bergère Célimène”. La seconde étape de ce diptyque mozartien sera une intégrale des concertos pour violon, et jouer/diriger avec son Orchestre de Chambre de Lausanne, dont la parution est attendue en septembre prochain.
Le tandem composé du célèbre violoniste et du pianiste Kit Armstrong met la barre très haut. Du côté de Renaud Capuçon, on admire une plénitude sonore et un son tant lumineux que plastiquement très séduisant, parfaitement adapté à ces œuvres. L’oreille est séduite par la justesse du ton, léger mais grave, jovial mais profond. Cette perfection stylistique pénètre au cœur de ces partitions cernées avec une musicalité qui s'épanouit dans la richesse des nuances.
Du côté du piano, Kit Armstrong est un partenaire idéal par la fluidité de son de jeu et par le soutien parfait qu’il offre au violon. Formé par Alfred Brendel, le jeune artiste a retenu le meilleur de son professeur ! Le dialogue entre les deux instruments s’épanche avec un naturel confondant, l’un et l’autre se renvoyant l’échange comme dans évidente fluidité narrative. Du côté de la gestion des tempi, c’est pareillement au même niveau d’excellence, ni trop lent, ni trop précipité : les mouvements lents respirent avec plénitude et les mouvements rapides sont parfaitement vivifiants et fruités sans jamais être brutalisés. Les deux artistes démontrent également très bien l’évolution stylistique du compositeur au fil des œuvres. Du côté des deux cycles de variations, l'exercice est ici un régal tant les deux musiciens alternent les couleurs dans un nuancier éclatant.
Dès lors, cet album s’affirme comme une référence moderne, d’autant plus que la prise de son est de très haut vol. Si l’on souhaite écouter une véritable intégrale avec toutes les sonates, y compris celles de jeunesse, il faut recommander la somme gravée par Alina Ibragimova et Cédric Tiberghien pour Hypérion. On regrette juste un livret un peu limité en terme de plus value éditoriale.
Son : 10 Notice : 8 Répertoire : 10 Interprétation : 10
Pierre-Jean Tribot