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Arcadi Volodos à Monte-Carlo 

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Arcadi Volodos revient  à Monte-Carlo pour un récital de haut vol très attendu par le public.  Au programme de son récital des pièces du compositeur catalan Federico Mompou très rarement jouées en concert et en deuxième partie des chefs d'œuvres d'Alexandre Scriabine. 

D’emblée, la salle est plongée dans la pénombre. Comme le disait Vladimir Horowitz, la musique devrait être écoutée, pas regardée et cette pratique augmente la concentration du public. 

Le programme débute par des pièces de Mompou et ses Scènes d'enfants, à la fois émouvantes et sensibles, un trésor éblouissant. Le jeu de Volodos est tour à tour plein de grâce, de poésie et d'ardeur.  Le recueil de Musica Callada est chargé de retenue et de pudeur. Volodos joue cette musique à la perfection. Il pénètre les profondeurs de notre âme et les coins les plus secrets de notre esprit. Il a un toucher, un ton, un phrasé d'une profondeur remarquable.

Volodos est un des meilleurs interprètes de Scriabine. Il est un des rares pianistes capables de capturer la nature du compositeur et de s'approcher de ses exigences musicales, émotionnelles et techniques. 

Kissin et Volodos : deux maîtres du piano d’aujourd’hui à Flagey

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En l’espace de septante-deux heures à peine, Flagey permettait aux amateurs de piano d’entendre deux des plus réputés pianistes d’aujourd’hui en la personne d’Evgeny Kissin et d’Arcadi Volodos. 

Jeunes quinquagénaires nés et formés dans la défunte URSS -quittée ensuite pour l’Ouest -par des professeurs à la rigueur légendaire, les deux artistes n’ont en fait qu’assez peu de points communs. D’ailleurs, les entendre à si peu de temps d’intervalle amène à se demander s’il existe vraiment une école russe, pas tant dans l’exigence technique que dans l’approche interprétative. 

Ancien enfant prodige, s’essayant volontiers à la composition comme à la poésie, Kissin est un pianiste à la technique digitale souveraine, au jeu impeccablement construit et puissant. Lorsqu’il pénètre sur la scène du Studio 4 de Flagey -où, la salle s’étant révélée trop petite pour accueillir tous les mélomanes désireux d’entendre ce trop rare visiteur dans nos contrées, quelques dizaines de chaises supplémentaires ont été installées- Evgeny Kissin s’installe calmement au piano et entame son récital au programme intéressant et varié par la célébrissime Toccata et fugue en ré mineur de Bach dans la transcription de Tausig. Dans la Toccata, Kissin réussit à faire tonner le Steinway de Flagey comme un orgue. Si l’on regrette par moments quelques duretés à la main droite, la puissance sonore déployée est franchement ébouriffante. Dans la Fugue, on apprécie le superbe staccato comme la maîtrise des gradations sonores. Malgré un emploi généreux de la pédale, les lignes mélodiques sont toujours claires.

Sublime Arcadi Volodos

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Il existe de rares soirées où celui qui en fait le compte-rendu a envie de déposer la plume, tant le concert est exceptionnel. Ce fut le cas ce lundi 6 décembre au Victoria Hall de Genève avec le récital du pianiste russe Arcadi Volodos. ‘Sublime’ est le qualificatif qu’il faut utiliser pour définir le jeu racé de ce natif de Saint-Pétersbourg qui a attendu l’âge de quinze ans pour prendre en considération le piano, après avoir étudié le chant et la direction d’orchestre. Dès 1991, ses débuts à New York, puis à Londres cinq ans plus tard, lui valent une consécration que nombre d’agences de concert minimisent en affichant deux ou trois de ses compatriotes, un Matsuev éléphantesque, un Lugansky anémié, un Trifonov tape à l’œil, qui ne lui arrivent pas à la cheville ! 

Arcadi Volodos en récital à Monte-Carlo

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C'est dans le cadre de la série "Grande Saison - Récitals" que l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo a invité Arcadi Volodos. Le pianiste se présente en Principauté précédé de son immense réputation et à la tête d’une prestigieuse discographie caractérisée par une technique immaculée, son et phrasés magnifiques, virtuosité, sensibilité, musicalité, enthousiasme tout y était ! 

Cependant le récital à Monte-Carlo n'a pas répondu aux attentes. La salle Rainier III est plongée dans la pénombre. Il n'y a qu'un léger éclairage sur le piano : même ambiance choisie par Sviatoslav Richter et par Grigory Sokolov. Volodos commence son récital par la Sonate en fa dièse mineur de Muzio Clementi. Un petit bijou d’un caractère romantique avant l’heure. Du premier mouvement subtil au tumultueux "Presto final" en passant par le "Lento e patetico" empreint d'un climat funèbre et dont les dissonances douloureuses font penser à Chopin. Volodos déploie une palette de nuances et de couleurs superbes, des pianissimi parfois aux confins du silence, il prête attention aux moindres détails. Son jeu est très raffiné.

La magnifique sonorité d’un Arcadi Volodos ! 

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L’univers pianistique d’aujourd’hui est peuplé de stars médiatisées qui ne méritent pas la gloire internationale encensant leur virtuosité tape-à-l’œil. Pourquoi, sous nos latitudes, ne fait-on aucun cas d’un artiste russe de la trempe d’Arcadi Volodos, alors que l’on nous rebat les oreilles avec un Matsuev pachydermique ou un Lugansky anémié ? L’impact a été d’autant plus fort en l’entendant au Victoria Hall le 8 novembre, en remplacement de Murray Perahia malade.

La première partie de son programme était consacrée à Franz Liszt et à une part de sa production laissée de côté par les grands virtuoses. Le Sonetto 123 del Petrarca tiré du second cahier des Années de Pèlerinage baigne dans un lento rêveur s’innervant de pathétiques envolées pour l’agitato médian que la basse chantante finira par apaiser. La luguble gondola datant de 1883, l’année de la mort de Wagner à Venise, devient saisissante par cet usage de la pédale constituant le glas funèbre face à des sons feutrés recherchant leur assise tonale. D’autant plus émoustillante nous apparaît la première des Légendes évoquant la prédication de Saint François d’Assise aux oiseaux, suggérés par les volate de triples croches et les trilles roucoulants en une modernité pré-impressionniste que tempérera le majestueux sermon du ‘Povorello’. Par une main gauche peu articulée, prend forme la Deuxième Ballade en si mineur, débouchant sur un motif lyrique nostalgique qui hantera tout le développement orageux avant de servir de péroraison sereine à cette page inspirée datant de 1853.