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A Genève, un chef magnifique, Myung-Whun Chung  

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A titre d’essai, le Canton de Genève organise quelques manifestations-pilotes permettant au public de participer à un test grandeur nature sans créer un foyer infectieux. Ainsi, pour les deux soirées des 9 et 10 juin derniers, le Victoria Hall a limité à 600 personnes le nombre de participants à un concert de l’Orchestre de la Suisse Romande placé pour la première fois ( !) sous la direction du grand chef coréen Myung-Whun Chung. 

Le programme de près de deux heures, donné sans entracte, était entièrement consacré à Beethoven et a débuté par le Triple Concerto en ut majeur op.56. Myung-Whun Chung en assume tant la direction que la partie de piano, ce qui lui permet de dialoguer avec deux des chefs de pupitre de l’OSR, le violoniste roumain et le violoncelliste français Léonard Frey-Maibach. Dans l’Allegro initial pris souvent au pas de charge, le chef imprègne l’introduction d’une grandeur tragique enveloppant les fins de phrase d’un halo de mystère, alors que le trio soliste cultive un intimisme bannissant tout clinquant au profit de la finesse de phrasé. Le Largo en demi-teintes impose un climat de recueillement que le piano irise d’arpèges clairs, tandis que le violoncelle aux accents généreux chante le ‘Rondò alla Polacca’ que le violon magnifie de traits arachnéens avant de conclure par une stretta brillante. 

Un second cycle Mozart à l’OSR    

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Après une première série Mozart des 6, 8, 16 et 18 juin et une Neuvième de Beethoven sans public mais filmée par la télévision et diffusée par Arte le dimanche 21 juin, Jonathan Nott et l’Orchestre de la Suisse Romande proposent un second programme Mozart les 23 et 25 juin en sollicitant le concours de ses deux premiers violons soli comme interprètes de l’un des concerti

Ainsi le premier soir, Svetlin Roussev présente le Quatrième en ré majeur K.218 en répondant au brio de l’introduction instrumentale par un jeu d’une extrême élégance, compensant la sonorité opaque de son grave par la finesse de ses aigus et achevant l’Allegro initial par une cadenza inventive. L’équilibre entre les registres est rétabli par l’Andante cantabile où la ligne du solo semble continue en planant au-dessus du tutti qu’elle émoustillera d’élans primesautiers pour un finale brillant où se glisse un motif de gavotte à tempo retenu. En bis, Svetlin Roussev est éblouissant de virtuosité dans le diabolique Treizième Caprice en si bémol majeur de Paganini.