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Rusalka de Dvořák à Nice

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L'Opéra de Nice présente Rusalka d'Antonín Dvořák  en coproduction avec les opéras de Toulon, Marseille et Avignon. Les metteurs en scène très inventifs du "Lab" Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil ont transposé l'opéra inspiré de La petite sirène d'Andersen et du conte Ondine de Friedrich de La Motte-Fouqué, dans l'univers de la natation synchronisée. C'est très ingénieux. L'action prend place au bord d’une piscine olympique qui occupe la majeure partie de l’espace scénique.La sirène est une nageuse, une jeune fille qui se demande ce que ça signifie d’être "une vraie femme" et le comprend avec son entrejambe plutôt qu’avec une queue de poisson. 

On apprécie tous les clins d'œil humoristiques :  le prince en bellâtre testostéroné, la sorcière Jezibaba en femme de ménage, le père Vodnik en coach de natation.  Quel lieu plus évocateur d'une sensualité naissante que celui d'une piscine.

De la fragile petite Sirène d’Andersen à la romantique Rusalka de Dvořák, des fantaisies nautiques hollywoodiennes au monde cruel de la natation synchronisée d’aujourd’hui, il n'est pas facile pour une jeune fille de construire sa féminité sans douleur. Dans l’opéra de Dvořák comme dans les vestiaires de nos piscines modernes, la pression exercée sur les adolescentes, au XIXe siècle comme de nos jours est constante et cruelle. 

Le tandem Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil utilisent un écran immense,  omniprésent, envahissant (on est loin de ce que David Livermore avait utilisé pour sa mise en scène de Don Carlo à l'Opéra de Monte-Carlo).  Les images magnifiques avec des superbes nageuses, les fonds marins, la forêt, éclipsent la scène. On a l'impression d'être au cinéma plutôt qu'à l'opéra…