Mots-clé : Jemma Woolmore

Bach, le minimalisme et l’immersion

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Je sors d’une fête de retrouvailles (reportée pendant deux ans pour ce que vous savez… et dont il s’avèrera dans quelques jours qu’on eût mieux choisi en la reportant encore), ignorant du dimanche sans voiture qui, dès sa clôture à 19 heures, réengorge obstinément les entrées de Bruxelles (j’ai essayé, mais où est le métro et où laisser l’auto ?) et me pose donc dans le fauteuil de la salle Henry Le Bœuf, en surplomb des consoles, le souffle court, deux minutes avant l’entrée furtive sur la scène obscure des musiciens partiellement escamotés derrière des structures géométriques aux formes erratiques.

Issu du Conservatoire de Nantes, Simon-Pierre Bestion, pétri de musiques contemporaine et ancienne, revendique une interprétation où l’instrumentiste s’approprie les sons du compositeur et, en particulier au travers de la Compagnie La Tempête qu’il crée en 2015, travaille l’éventail et la mise en relation de partitions, dont la connexion évoque en elle-même une nouvelle histoire. Bach minimaliste est un de ces programmes, œuvre à part entière, très structuré, dont la mécanique acquiert au fur et à mesure de son déroulement un statut d’évidence (pourtant, Jean-Sébastien, minimaliste ?), construit en fil tendu, dans lequel on se lance comme on plonge en apnée, après une profonde inspiration, mains jointes et épaules élancées, à peine si quelques orteils battent la mesure -on ne s’arrête pas, on y va d’une traite.