Interviews
La soprano Sondra Radvanovsky incarne la Princesse de Chine Turandot dans la nouvelle intégrale événement sous la direction d’Antonio Pappano. Alors que cette parution marque ses débuts dans ce rôle, la musicienne répond à nos questions.
Cet enregistrement de Turandot et les concerts qui ont suivi ont marqué vos débuts dans le rôle-titre de Turandot. Qu'est-ce qui vous a motivée à accepter ce rôle ?
J'ai toujours pensé qu'il y a une progression naturelle de la voix en vieillissant... ainsi qu'un ordre naturel dans lequel un chanteur aborde des rôles de Puccini, ou d'autres rôles de différents compositeurs. Mon premier rôle de Puccini a été Mimi de la Bohème alors que je n'avais que 21 ans. Le choix naturel du rôle suivant aurait été quelque chose comme Liu ou Suor Angelica après cela, suivi de Tosca, par exemple. Maintenant que j'ai 53 ans et que j'ai chanté toutes les héroïnes de Puccini jusqu'à Turandot, j'ai senti que j'étais prête et que je comprenais le "langage" musical de Puccini pour prendre ce rôle plus lourd et plus dramatique. De plus, qui n'a pas envie de chanter Turandot ?
Cela dit, Maria Callas et Joan Sutherland ont toujours été mes sopranos préférées dans ce rôle et je les ai également utilisées comme référence pour apprendre ce rôle emblématique. Quelque part, le rôle de Turandot est devenu ce que j'appelle "une fête du cri" ; un rôle que seules les sopranos lourdes, dramatiques et wagnériennes pouvaient chanter. Avec cette tradition, je crains que la sensualité et la fragilité de la musique de Puccini ne se soient perdues. J'ai donc abordé ce rôle plutôt dans la veine de Callas et Sutherland, qui ont toutes deux trouvé des couleurs vocales et des dynamiques étonnantes pour le rôle-titre.
Dans le livret, Antonio Pappano parle de cet opéra comme d'un défi. Quels sont les défis musicaux du rôle de Turandot ?
Je dois dire que le rôle de Turandot peut être assez intimidant quand on le regarde pour la première fois. Elle entre sur scène et commence tout de suite par son grand air dramatique “In Questa Reggia”. Il faut être extrêmement sûre de sa hauteur de chant au début, car l'orchestre est très transparent pour les premières lignes que vous chantez. De plus, pour moi, le plus grand défi du chant de Turandot est la tessiture. Il faut adorer évoluer dans la partie supérieure de sa voix pour chanter ce rôle, que j'aime et que je considère comme la partie la plus forte de ma voix également. Mais il y a pas mal de lignes dramatiques et déclamatoires dans la partie inférieure de la voix, ce qui peut être dangereux si vous ne savez pas comment gérer la voix de poitrine. Si vous creusez trop dans votre voix de poitrine, vous risquez de faire descendre le haut de la voix.
Tout cela dit ? La partie la plus difficile de ce rôle est de montrer son côté humain et aimant avec la musique limitée qui lui est donnée dans l'opéra. Il n'y a pas vraiment de grand duo d'amour... on voit juste Turandot dire à Calaf, "Je te déteste, tu vas mourir !" pour dire très rapidement, "Comment s'appelle l'amour !" Mais Maestro Pappano a étonnamment voulu enregistrer la fin prolongée d'Alfano, qui permet aux personnages de Turandot et de Calaf d'avoir une conversation sur l'amour... une scène vraiment étonnante et une qui, je l'espère, deviendra permanente dans toutes les productions de cet opéra.

Nos compatriotes de l'excellent ensemble Het Collectief font paraître chez Alpha un nouvel album intitulé Transfigurations. Cette parution propose des transcriptions pour 5 musiciens d'œuvres d’Arnold Schönberg et Alban Berg. A cette occasion, Thomas Dieltjens, le pianiste de l’ensemble Het Collectief répond aux questions de Crescendo-Magazine.
Votre nouvel album se nomme “Transfigurations”, pourquoi ce titre ?
Le titre a deux sens ! D'une part, il fait référence à l'une des œuvres de cet album : La Nuit Transfigurée. D'autre part, le titre insinue que toutes les œuvres du disque sont jouées dans une version arrangée. Elles ont en quelque sorte subi une transformation, une transcription, une transfiguration. Le titre peut être lu en français et en anglais, ce qui le rend très adapté à un large public.
L’album propose des transcriptions d'œuvres de Schönberg, Webern et Berg. Pourquoi avoir choisi des transcriptions ?
Het Collectief est avant tout un groupe de musique de chambre. Lorsque nous avons fondé le groupe en 1998, notre premier souhait était de jouer la Symphonie de chambre n°1, opus 9 de Schönberg dans la version de Webern. Le groupe aime l'énergie du dialogue et de la confrontation directe dans ces petits effectifs non dirigés. Avant tout, nous avons dû constater la très haute qualité de la transcription. De plus, les différentes couleurs instrumentales et la petite échelle font ressortir certains aspects des compositions plus fortement que dans les versions originales. En conséquence, ces versions ont acquis de plus en plus de poids dans le répertoire.
