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Miguel Baselga, intégrale Albéniz 

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L’excellent pianiste Miguel Baselga avait gravé pour le label Bis, une intégrale de la musique pour piano d’Albéniz, y compris ses partitions concertantes. La firme suédoise remet en coffret cette somme. A l’occasion de cette parution, Crescendo-Magazine rencontre le musicien. 

Quand on regarde le programme de cette intégrale de la musique pour piano d’Albéniz, on ne peut être que surpris. Alors que l’on connaît essentiellement la célèbre suite Iberia, on découvre une œuvre très imposante, autant en quantité qu’en qualité. Comment pouvez-vous définir cette œuvre, si on l’envisage dans sa globalité? 

Je pourrais vous répondre avec le titre de la pièce de Pirandello Sei personaggi in cerca d’autore [Six personnages en quête d’auteur]. On pourrait définir l’oeuvre d’Albéniz comme celle d’un auteur à la recherche de son propre style. À la fin du XIXe siècle,  l’héritage de Chopin, Liszt, Schumann et Brahms était très lourd et leurs influences étaient omniprésentes. Encore plus pour les pianistes. Albéniz a “subi” aussi un processus pour se “libérer” et pour pouvoir trouver son propre chemin, unique et inimitable. Disons qu’il a fait mouche avec ce que l’on connaît comme “musique nationaliste” (pas seulement Iberia, il y en a d’autres) mais dans la foulée, il y a quand même pas mal de pièces qui valent le détour. Si vous cherchez des petits bijoux méconnus, vous êtes à la bonne adresse!

Comment la musique pour piano d’Albéniz s’intègre-t-elle dans son temps par rapport à ses contemporains ?  

Il faudrait d’abord faire la part des choses. Quand on parle de “sa musique” il faut séparer ses pièces disons “alimentaires” de celles publiées à frais d’auteur. Justement parce qu’elles étaient considérées comme injouables pour la majorité du public. N’oublions pas qu’à l’époque il y avait un véritable marché éditorial, surtout pour le piano. Comme pianiste, il avait beaucoup de succès ; comme compositeur de pièces “grand public”, il faisait un cartón; comme compositeur d’opéra, ce n’était pas terrible en revanche ; et comme compositeur de pièces “de bravura”, celles qui justement l’on fait passer à l’histoire, il était très apprécié par les pianistes de l’époque qui voyaient en lui ce qu’il est : un compositeur avec un “pianisme” unique que vous ne trouverez nul ailleurs.