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A Genève, une création coup de poing, Justice d’Hèctor Parra

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Un opéra sur une horrible tragédie survenue il y a cinq ans ? C’est la gageure que relève Justice, deuxième ouvrage d’Hèctor Parra sur un scénario du metteur en scène bernois Milo Rau, dont le Grand-Théâtre de Genève vient d’assumer la création le 22 janvier.

A la base, un insoutenable drame que restitue sur écran la vidéo conçue par Moritz von Dungern. Nous sommes en République Démocratique du Congo en février 2019. Un camion-citerne transportant de l’acide percute un bus sur une route du Katanga entre Lubumbashi et Kolwezi. En résultent plus de vingt morts et de nombreux blessés. L’acide qui est utilisé dans le traitement des minerais coule jusqu’à la rivière voisine, dans ce sud du pays où l’infrastructure routière est quasiment inexistante. Impliquant Glencore, une multinationale suisse implantée au Congo, un tel sujet vous saisit à bras le corps. Et l’écrivain Fiston Mwanza Mujila qui a élaboré le livret d’après le synopsis de Milo Rau affirme que l’opéra transforme l’accidentel en un sujet universel. Ainsi Justice est non seulement une manifestation de la vérité mais aussi un rite, une cérémonie de deuil qui est une purification réparatrice.

Du bruit et de la fureur, malaise : Les Bienveillantes d’Hèctor Parra

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Les bienveillantes

Aux origines, un livre-brique, qui a fait l’événement, de Jonathan Littell, grand prix du roman de l’Académie Française et prix Goncourt en 2006. Händl Klaus en a tiré un livret pour un opéra composé par Hèctor Parra et mis en scène par Calixto Bieito.

C’est une plongée dans les souvenirs d’un certain Maximilian Aue, aujourd’hui directeur d’une usine textile en France. Il a été un acteur et un témoin privilégié des turpitudes du 3e Reich, son expérience personnelle la plus intime donnant accès à des épisodes les plus révélateurs de l’épouvantable aventure hitlérienne.

Le livre était une tentative significative de mieux comprendre comment des individus ont pu en arriver à accepter pareilles dérives monstrueuses et à y collaborer de leur mieux. Comment pouvait-on se réjouir d’écouter du Bach après avoir exterminé des dizaines de milliers d’« indésirables » quelque part en Ukraine ou en rentrant d’une « journée de travail » à Auschwitz ? Notre « humanité ordinaire » ne sortait pas indemne du livre de Littell.