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Piotr Anderszewski à Monte-Carlo

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L'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo propose cette saison une série de récitals avec les pianistes les plus éminents, dont Piotr Anderszewski en fait partie.

L’artiste se présente avec un programme intense composé d’œuvres de compositeurs avec lesquels il est très proche depuis des années. Une sélection des Préludes et Fugues du deuxième cahier du Clavier bien tempéré de Bach, les Variations op.27 d'Anton Webern et la Sonate n°31 op.110 de Beethoven.

L’Auditorium Rainier III est dans la pénombre, le piano est placé plus près du public, Piotr Anderszewski nous entraîne immédiatement dans son voyage musical. Il propose une autre façon d'écouter les pièces de Bach, grâce à une interprétation intimiste, pleine de couleurs, de poésie et de luminosité. Comme pour son enregistrement paru chez Erato l'année passée, il sélectionne des Préludes et Fugues (huit pour ce récital) qu'il réorganise en créant un sens du drame. Il suggère une sorte de cycle où les pièces dialoguent entre elles. Tout y est exceptionnel : le phrasé, le son, le toucher. Il respire la musique, communique l'essence et projette son âme et son cœur aux auditeurs. On est en dialogue avec Bach.

En seconde partie il donne vie aux Variations op.27 d'Anton Webern, la seule œuvre pour piano du compositeur, datant de 1935, mais qui reste d'habitude difficile pour le grand public. Sous ses doigts cette pièce de musique dodécaphonique devient un joyau musical, expressif et chantant. Il enchaîne sans interruption avec la Sonate n°31 op. 110 de Beethoven.

Piotr Anderszewski, itinéraire Bach 

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Le pianiste  Piotr Anderszewski revient à Bach, un compositeur qui l’accompagne au disque depuis ses débuts fracassants. Ce nouvel album est une promenade toute personnelle à travers le livre n°2 du Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach. Un album à écouter. 

Cet album est, sauf erreur, le quatrième que vous consacrez à Bach, avec rien moins que le Livre II du Clavier bien tempéré. Pourquoi le choix de ce cycle ? Et pas les Variations Goldberg ou autre cycle majeur ?

J'ai toujours eu des difficultés à aborder les Goldberg. J'espère que cela changera un jour. Depuis mon enfance, je suis familier du Clavier bien tempéré, notamment avec le 2e livre. J'ai senti qu'il était temps d'en faire "quelque chose" et d'essayer de partager avec les auditeurs ma fascination pour cette musique extraordinaire.

Pour cet album, vous avez choisi de jouer une sélection de 12 Préludes et Fugues dans l’ordre de votre choix. Pourquoi cette sélection ? Pourquoi ces Préludes et Fugues et pas un autre.

J'ai commencé par choisir ceux qui me parlaient le plus. Puis j'ai essayé de suggérer une sorte "cycle" dans lequel les pièces dialoguent entre elles.

Vous expliquez que l'ordre interprétatif que vous avez choisi crée un “sens du drame”. On dit souvent que la musique de Bach est très rigoureuse, très construite. Mais n’est-elle pas foncièrement narrative ? Bach est d'ailleurs  un compositeur qui se prête bien à la chorégraphie...

En effet, c'est une musique rigoureuse, souvent sévère. Il n'empêche qu'elle est pleine d'un lyrisme puissant. Je ne sais pas si la musique de Bach se prête à la chorégraphie au sens strict du terme, mais elle raconte une histoire. Son humanité rend  sa rigueur, son architecture, d'autant plus émouvantes.