Piotr Anderszewski, itinéraire Bach
Le pianiste Piotr Anderszewski revient à Bach, un compositeur qui l’accompagne au disque depuis ses débuts fracassants. Ce nouvel album est une promenade toute personnelle à travers le livre n°2 du Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach. Un album à écouter.
Cet album est, sauf erreur, le quatrième que vous consacrez à Bach, avec rien moins que le Livre II du Clavier bien tempéré. Pourquoi le choix de ce cycle ? Et pas les Variations Goldberg ou autre cycle majeur ?
J'ai toujours eu des difficultés à aborder les Goldberg. J'espère que cela changera un jour. Depuis mon enfance, je suis familier du Clavier bien tempéré, notamment avec le 2e livre. J'ai senti qu'il était temps d'en faire "quelque chose" et d'essayer de partager avec les auditeurs ma fascination pour cette musique extraordinaire.
Pour cet album, vous avez choisi de jouer une sélection de 12 Préludes et Fugues dans l’ordre de votre choix. Pourquoi cette sélection ? Pourquoi ces Préludes et Fugues et pas un autre.
J'ai commencé par choisir ceux qui me parlaient le plus. Puis j'ai essayé de suggérer une sorte "cycle" dans lequel les pièces dialoguent entre elles.
Vous expliquez que l'ordre interprétatif que vous avez choisi crée un “sens du drame”. On dit souvent que la musique de Bach est très rigoureuse, très construite. Mais n’est-elle pas foncièrement narrative ? Bach est d'ailleurs un compositeur qui se prête bien à la chorégraphie...
En effet, c'est une musique rigoureuse, souvent sévère. Il n'empêche qu'elle est pleine d'un lyrisme puissant. Je ne sais pas si la musique de Bach se prête à la chorégraphie au sens strict du terme, mais elle raconte une histoire. Son humanité rend sa rigueur, son architecture, d'autant plus émouvantes.
Est-ce qu'une intégrale complète de ce cycle sous vos doigts est envisageable ?
Peut-être un jour. Mais pas dans un futur proche.
Est-ce que Bach peut se révéler introspectif pour cette période étrange de confinement et de repli sur soi ?
Je pense que toute musique peut se révéler introspective.
Votre premier album en solo, publié en 1999, proposait déjà des œuvres de Bach. Est-ce que votre vision du compositeur a changé en 20 ans ?
Elle n'a pas changé diamétralement. Peut-être que les angles se sont un peu adoucis ?
Est-ce que jouer les compositeurs avec des instruments historiques est quelque chose qui vous attire ?
Non, pas vraiment. Cela peut s'avérer très intéressant pour étudier et comprendre certains aspects d'une partition. Mais pour moi, jouer sur tel ou tel instrument n'est pas une fin en soi.
Quel sera votre prochain projet discographique ?
Je suis désolé mais je ne sais pas encore. J'ai plusieurs idées dans la tête.
- A écouter
Jean-Sébastien Bach: Well-tempered Clavier. Piotr Anderszewski, piano. 1 CD Warner.0190295118754
Propos recueillis par Pierre-Jean Tribot
Crédits photographiques : Parlophone Records