Les concerts du Philharmonique de Monte-Carlo se succèdent à un rythme soutenu, sans jamais se ressembler. Ce soir, retour au grand répertoire russe avec deux musiciens très chers au public monégasque : le chef Stanislav Kochanovsky et le pianiste Simon Trpčeski.
Le programme, entièrement consacré à Chostakovitch et Tchaïkovski, offrait deux œuvres rarement jouées et présentées pour la première fois à Monte-Carlo : le poème symphonique Octobre et la Symphonie n°12 de Chostakovitch.
Le concert s’ouvre avec Octobre, unique incursion du compositeur dans le genre du poème symphonique, écrit en 1967 pour célébrer le cinquantième anniversaire de la Révolution d’Octobre. On y retrouve la fougue et la ferveur révolutionnaire typiques de ses grandes pages orchestrales. Kochanovsky, chef d’une précision exemplaire, dirige l’orchestre avec une intensité enivrante. Sous sa baguette, les pupitres s’embrasent, les sonorités éclatent, et la tension dramatique ne faiblit jamais. Une interprétation palpitante, d’une énergie presque cinématographique.
On ne s’ennuie jamais quand Simon Trpčeski est de passage. Le public monégasque l’adore, et il le lui rend bien avec une lecture saisissante du Concerto n°1 pour piano de Tchaïkovski. Tour à tour majestueux, rêveur ou flamboyant, le pianiste mêle virtuosité et émotion avec une intensité rare. Dans les terrifiants passages à doubles octaves, son piano tonne avec puissance, sans jamais sacrifier la clarté. Son legato, d’une souplesse caressante, fait chanter les grandes lignes mélodiques du compositeur.
Son jeu se distingue aussi par une palette de couleurs fines, une imagination musicale subtile, et un dialogue raffiné avec l’orchestre – notamment dans l’Andantino, d’un lyrisme pur. Le final, mené tambour battant, déclenche l’enthousiasme du public. En bis, Trpčeski offre un moment suspendu : un extrait du Trio de Tchaïkovski, qu’il partage avec Liza Kerob (violon) et Thierry Amadi (violoncelle).
Dmitri Chostakovitch (1906-1975) : Concerto pour piano, trompette et orchestre n° 1 op. 35.Concerto pour piano et orchestre n° 2 op. 102. Trio à clavier n° 2 en mi mineur op. 67. Simon Trpčeski, piano ; Andrei Kavalinski, trompette ; Aleksandar Krapovski, violon ; Alexander Somov, violoncelle ; Janáček Philharmonic Ostrava, direction Christian Macelaru. 2020. Notice en anglais, en allemand et en français. 69.38. Linn CKD 659.
C'est avec bonheur qu'on retrouve l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo au grand complet avec Cristian Măcelaru à la direction et Simon Trpčeski au piano dans un programme romantique russe : Concerto n°2 de Rachmaninov et Symphonie n°5 de Tchaïkovski. C’est également un grand plaisir de découvrir le chef d'orchestre roumain Cristian Măcelaru qui vient de donner ses premiers concerts comme Directeur musical de l'Orchestre National de France.
Le pianiste macédonien Simon Trpčeski est un spécialiste de Rachmaninov dont il a enregistré une intégrale primée des quatre concertos et la Rhapsodie sur un thème de Paganini avec Vasily Petrenko et le Royal Liverpool Philharmonic Orchestra (Avie). Formé à l'école russe du piano, il développe une grande variété de sonorités avec une technique et une virtuosité prodigieuse. Contrairement à ce qu'on entend d'habitude, il approche le concerto comme de la musique de chambre avec orchestre : on découvre un superbe dialogue. L'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo et Măcelaru sont des partenaires idéaux, l'accompagnement orchestral est parfait. Le public est conquis et les rappels enthousiastes ont même conduit le soliste à un duo exceptionnel avec Liza Kerob, premier violon de l'OPMC. Ensemble, ils offrent la Vocalise de Rachmaninov et la dédient à Maxim Vengerov présent dans la salle. Simon Trpčeski est visiblement très ému car ce concert monégasque était son premier depuis le mois de mars…
Edvard GRIEG (1843-1907) : Sonates pour violon et piano n° 1 op. 8, n°2 op. 13 et n° 3 op. 45 ; Eldbjorg HEMSING (1990) : Variations sur un thème populaire de Valdres pour violon seul. Eldbjørg Hemsing,violon ; Simon Trpčeski, piano. 2019. Livret en anglais, en norvégien, en allemand et en français. 72.30. BIS-2456. Edvard GRIEG (1843-1907) : Sonates pour violon et piano n°1 op. 8, n°2 op. 13 et n° 3 op. 45 ; Dernier printemps, op. 33 n° 2, mélodie, arrangement pour violon et piano ; Au printemps, op. 43 n° 5, extrait des Pièces lyriques, arrangement pour violon et piano. Elena Urioste, violon ; Tom Poster, piano. 2020. Livret en anglais. 76.49. Orchid Classics ORC100126.