Torelli, exhumation des sonates pour violon, sous les meilleurs auspices

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Giuseppe Torelli (1658-1709) : Sonates pour violon et bc en mi mineur A.1.3.8., en la majeur A.1.3.11., en sol mineur A.1.3.10., en ré majeur. Allemanda en mi mineur A.1.3.4., Corrente en mi mineur A.1.3.3., Vivace en la majeur A.1.3.1., Giga en la majeur A.1.3.2., Allemanda en la mineur A.1.3.5., Corrente en la mineur A.1.3.7. [Medulla Musicae]. Gigha staccato en la mineur A.1.3.6. Sinfonia per camera à violino e violoncello en ré mineur A.4.1.8. Sue-Ying Koang, violon. Diana Vinagre, violoncelle. Parsival Castro, théorbe, guitare. Vincent Bernhardt, clavecin, orgue. Livret en français et anglais. Septembre 2022. TT 48’57. Indésens Calliope IC019

Après un album de découvertes où la patte de Vivaldi se lisait en filigrane d’un manuscrit dresdois, le même quatuor nous revient avec un plein CD consacré au compositeur d’un célèbre « Concerto de Noël ». En marge de cet opus 8 qui a longtemps occulté le reste de sa production instrumentale, le cénacle autour de Vincent Bernhardt s’est penché sur les sonates pour violon, la plupart inédites et enregistrées ici en première mondiale. La notice souligne le caractère expérimental de ces pages, et les distingue des genres de la sonate en trio, et de la sonate pour violon et violoncelle, même si les frontières sont parfois ambiguës.

Ce qui permet d’inclure dans ce programme la Sinfonia A.4.1.8, où le violoncelle semble plutôt investi du continuo. En revanche d’autres sonates pour violon, connues mais égarées dans le désordre des archives, n’ont pas permis de compléter ce disque qui affiche une cinquantaine de minutes, malgré le renfort de quelques pièces isolées, tirées du recueil Medulla Musicae publié à Londres par John Cluer vers 1727. Au-delà des considérations de genre, on aurait aimé que le livret s’essayât à nous en dire davantage sur la structure et le langage de ces rares sonates, dont l’architecture n’apparait pas unique. Et qui dès l’étonnant, fulgurant Adagio en exergue de ce disque, ménage quelque surprises, et soutient un constant intérêt.

Nous avions déjà vanté « l’exécution concentrée de Sue-Ying Koang, son jeu serré et appuyé » : son subtil legato, épousant les péripéties de ces manuscrits, garantit un relief ajusté, malgré une captation un peu sèche, dure, et un volume parfois agressif. Toutes les attentions du continuo s’inscrivent dans un accompagnement méticuleux et adaptatif (guitare/théorbe, orgue/clavecin), servi par trois musiciens dont les mérites académiques et l’exigence interprétative situent l’exécution au plus haut niveau de pertinence. Le livret évoque ce disque Torelli comme un « premier », ce qui nous laisse désireux d’autres exhumations par cette équipe aussi fureteuse qu’inspirée.

Son : 8 – Livret : 9 – Répertoire : 9 – Interprétation : 9,5

Christophe Steyne

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