Triomphe de Julia Fischer avec l’ONL à Bozar
Ce jeudi 24 avril 2025 a lieu le concert de l’Orchestre National de Lyon, invité par le Belgian National Orchestra. La phalange lyonnaise est placée sous la baguette de son directeur musical Nikolaj Szeps-Znaider. Nous retrouvons la violoniste allemande Julia Fischer en soliste. Au programme de cette soirée, deux œuvres phares du répertoire : le Deuxième Concerto pour violon en mi mineur, Op. 64 de Félix Mendelssohn et la Septième Symphonie en mi mineur WAB 107 d’Anton Bruckner.
Le Concerto n°2 pour violon en mi mineur de Mendelssohn est une pièce phare du répertoire violonistique. La soliste du soir est la violoniste allemande Julia Fischer.
Après deux mesures d’introduction, c’est déjà au tour de la soliste de rentrer en piste dans cet Allegro molto appassionato. Le début de l’exposition du thème se fait dans un piano intimiste mais très élégant. Le deuxième thème est amené avec beaucoup de délicatesse par les bois avant d’être rejoint par la soliste. Dans la cadence écrite, Julia Fischer fait preuve d’une virtuosité impressionnante de par son élégance et sa sobriété. Elle se met au service de la musique et non l’inverse. De belles intentions musicales et surtout de beaux contrastes font de cette cadence une grande réussite. La coda, brillante et puissante, s’achève sur une note tenue du basson qui lance l’Andante. Ce deuxième mouvement est interprété avec une grâce rêveuse et sentimentale. Les longs ondoiements qu’elle exécute sont tout simplement d’une grande élégance. Le dernier mouvement, Allegro molto vivace, est amené par l’Allegretto non troppo qui assure la transition entre cette partie lente et la partie rapide qui suit. Cette dernière partie laisse place à un dialogue plus serré et volubile entre l’orchestre et la soliste. Julia Fischer parachève ce mouvement avec une interprétation d’une excellence manifeste et indéniable.
Nikolaj Szeps-Znaider, qui dirige ce concerto par cœur, comprend parfaitement l’idée musicale de ce concerto et emporte la phalange lyonnaise avec lui pour sublimer le jeu de Julia Fischer. Elle interprète l’œuvre de manière virtuose tout en restant dans la sobriété et le raffinement. De plus, son discours musical est clair et parfaitement maîtrisé. Le public, complètement conquis, ovationne les artistes pour cette prestation. En bis, nous avons droit à une magnifique version de la Gavotte en mi majeur de J.S. Bach. La prestation de Julia Fischer est indéniablement un des points culminants de ce concert.
Après l’entracte, place à la Symphonie n°7 en mi mineur WAB 107 de Bruckner. Cette symphonie, composée entre 1881 et 1883, constitue un hommage à Richard Wagner, pour lequel Bruckner vouait une grande admiration.
C’est une très belle interprétation, portée par une énergie communicative et une grande précision d'ensemble, malgré quelques légères imperfections qui n'entament cependant en rien la prestation globale. Le son de l’Orchestre National de Lyon, sous la direction de Nikolaj Szeps-Znaider, se distingue par une remarquable transparence. Les cordes offrent une texture fine et bien dessinée, tandis que les cuivres brillent par leur justesse et leur équilibre, sans jamais dominer l’ensemble. On retrouve ici cette clarté caractéristique des orchestres français, avec un rendu sonore plus aéré, plus lumineux, contrastant avec le timbre souvent plus dense et chaleureux des orchestres de tradition germanique. Cela nous permet de découvrir cette symphonie brucknérienne sous un autre jour, ce qui n’est pas pour nous déplaire, que du contraire. La direction de Szeps-Znaider, précise, musicale et engagée, met en valeur les détails de la partition sans jamais sacrifier l’élan global. En effet, les longues progressions propres à Bruckner sont menées de mains de maître à l’instar de ce deuxième mouvement. En conclusion, c’est une très belle proposition musicale, portée par un orchestre qui affirme sa propre identité sonore.
Bruxelles, Bozar, 24 avril 2025
Thimothée Grandjean, Reporter de l’IMEP
Crédits photographiques : Uwe Arens