Une belle introduction à l'univers de Karlowicz

par
Karlowicz

Mieczyslaw KARLOWICZ
(1876 - 1909)
Concerto pour violon - Un conte triste - Rhapsodie lithuanienne
Bartolomiej NIZIOL (violon), Orchestre Philharmonique de Szczecin, dir.: Lukasz BOROWICZ
2016-55' 59''-Texte de présentation en polonais et en anglais-Dux 1377

Karlowicz, qui se tua tragiquement dans les monts Tatras (alors qu'il était bon skieur) serait à coup sûr devenu un tout grand compositeur, à en juger par ce qu'il a laissé de plus remarquable :  ses six poèmes symphoniques. Heureusement, on les a souvent enregistrés (il en existe au moins trois intégrales) : il n'est donc pas oublié. C'est une musique très riche, évoquant parfois Franck, parfois Sibelius ou Richard Strauss, dans le courant post-romantique assurément. Il a soutenu les compositeurs de son temps, tels Fitelberg ou Szymanowski, groupés dans le mouvement "Jeune Pologne", mais sans y adhérer lui-même, peut-être trop écartelé entre la tradition et la modernité. La page la plus ancienne est ce Concerto pour violon de 1902. Assez virtuose, il avait déjà tenté, entre autres, la violoniste britannique Tasmin Little, dans une chatoyante version chez Hyperion. Brillant, certes, mais aussi intensément lyrique, avec cette jolie coda du premier mouvement qui se fond dans la belle Romanza à la mélodie infinie se déroulant sur une somptueux tapis de cordes. La fin, cristalline, enchaîne sur un final plus conventionnel, mais vigoureux : voilà un excellent tremplin pour l'écoute des deux poèmes symphoniques qui suivent. Le plus court de ceux-ci, Un Conte triste (8' 50'') date de 1908. La mort et le suicide le hantent. Il réfléchit sur la mort, comme dans  Mort et transfiguration de Strauss (1890), mais sans sa lueur d'espoir. Tout est tendu, torturé, comme une sublimation du langage postromantique, tendant nettement vers l'expressionnisme. Karlowicz s'y montre un maître raffiné du genre poème symphonique, par une succession constante de tensions et de détentes, telle une scène d'opéra miniature. Datant de l'année de son décès, la Rhapsodie lithuanienne frappe par son contraste absolu avec l'oeuvre qui précède. Le climat est sourd, répétitif, lancinant, mais sa poésie transforme ce qui ne pourrait être que mélancolique. Sans aucun substrat littéraire et s'élevant rarement au-dessus du forte, cette rhapsodie se montre magnifiquement évocatrice par de purs moyens musicaux. Il s'en dégage une tristesse poignante qui n'est pas sans anticiper Egdon Heath de Holst, par exemple. Ce CD forme une belle introduction à l'univers de Karlowicz.
Bruno Peeters

Son 10 - Livret 8 - Répertoire 9 - Interprétation 10

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