Version magistrale de la Tragique à Bozar

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Ce dimanche 14 avril, l’Orchestre Symphonique de la Monnaie et le Belgian National Orchestra s’unissent le temps d’un concert pour interpréter deux œuvres phares du répertoire : le Concerto pour piano N°23 en la majeur, K. 488 de Mozart ainsi que la Sixième Symphonie dite « Tragique » en la mineur de Gustav Mahler. Cette fois-ci c’est le directeur musical du BNO, Antony Hermus, qui dirige ce concert. Au piano, nous retrouvons le pianiste argentin Nelson Goerner.

Le concert commence avec Concerto pour piano N°23 en la majeur, K. 488 de Mozart. Ce concerto, composé en 1786 et contemporain de son opéra Les Noces de Figaro, est notamment célèbre grâce à son deuxième mouvement. L’introduction orchestrale est quelque peu incertaine avec quelques imprécisions. Néanmoins, l’orchestre corrige cela rapidement en proposant une version juste tout en prêtant une grande attention au soliste. Ce dernier excelle dans les passages solos en faisant preuve de la finesse mozartienne recherchée. Cela donne un côté très élégant dans l’Adagio, surtout avec les magnifiques solos de la clarinette. En revanche, dans les grands tuttis d’orchestre, cette finesse peut être regrettable dans le sens où l’on peut perdre la clarté du son du piano. En effet, dans les moments les plus intenses du concerto, il aurait été appréciable d’avoir plus de profondeur dans le son. Cela dit, Nelson Goerner fait preuve d’une grande musicalité et virtuosité dans ce concerto. Après de chaleureux applaudissements, Goerner nous gratifie d’une délicate version du Nocturne N°20 en do# mineur de Chopin.

Après la pause, place à la Sixième Symphonie dite « Tragique » en la mineur de Gustav Mahler. Cette pièce est monumentale de par sa durée (environ une heure et vingt minutes) et de par son effectif colossal avec près de 110 musiciens sur la scène. C’est principalement pour ces raisons que l’Orchestre Symphonique de la Monnaie et le Belgian National Orchestra unissent leurs forces. Le début du premier mouvement est interprété avec la véhémence caractéristique de cette partie de la symphonie. L’intensité est au rendez-vous tout au long de ce mouvement. Preuve en sont, notamment, les traits saisissants des timbales. Le scherzo, probablement l’un des plus démoniaques de Mahler, est retentissant. Les contrastes donnent un relief plus qu’appréciable à ce deuxième mouvement. Cet effet est plus accentué grâce à la métrique irrégulière soulignée avec clarté par Antony Hermus. L’Andante du troisième mouvement est une parenthèse enchanteresse entre les autres mouvements tumultueux. La tonalité de mib majeur contraste avec celle de la symphonie, la mineur, ce qui donne un côté chaleureux à ce mouvement. Ici, tous les groupes d’instruments ont la parole afin de déclamer avec musicalité le thème principal. Chose faite avec brio par tous les pupitres de l’orchestre. Le dernier mouvement, le plus long de la symphonie avec près d’une demie heure de musique, est certainement le plus impressionnant de tous. L’orchestre déploie avec engagement toute sa puissance pour faire de ce dernier mouvement un final magistral. Les trois tant attendus coups de marteau font trembler toute la salle de satisfaction. Ce quatrième mouvement est sans conteste le point culminant de ce concert. Le public venu en nombre pour l’occasion, (la salle est sold out), applaudit unanimement et avec enthousiasme l’interprétation de cette symphonie avec de réserver une standing ovation.

En conclusion, c’est une très belle prestation musicale que nous livrent les musiciens de l’Orchestre Symphonique de la Monnaie et du Belgian National Orchestra sous la direction claire et inspirée du chef d’orchestre Antony Hermus. Ce dernier maintient l’attention des musiciens et du public de la première à la dernière note de la symphonie. Les musiciens sont investis dans la prestation et cela se perçoit dans la qualité du concert. 

Bruxelles, Bozar, 14 avril 2024

Thimothée Grandjean, Reporter de l’IMEP.

Crédits photographiques : DR

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