Andrea Chénier par Jonas Kaufmann, Anja Harteros et George Petean

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Umberto Giordano (1867-1948) : Andrea Chénier. Jonas Kaufmann (Andrea Chénier), George Petean (Carlo Gerard), Anja Harteros (Maddalena di Coigny), Rachael Wilson (Bersi), Helena Zubanovic (La Contessa di Coigny), Larissa Diadkova (Madelon), Andrea Borghini (Roucher), Johannes Kammler (Pierre Fleville), Christian Rieger (Fouquier-Tinville), Tim Kuypers, (Mathieu) ; Kevin Conners (L’Incredible). Bayerische Staatsoperchor, Stellario Fagone ; Bayerisches Staatsorchester, Marco Armiliato. Philip Stölzl, Mise en scène ;  Philip Stölzl et Heike Vollmer, Décors ; Anke Winckler, Costumes ; Michael Bauer, Lumières ; Brian Large, Réalisation vidéo. NTSC 16:9 ; Stereo et DTS 5.1. Sous titres : italien, anglais, allemand, français, japonais, coréen. DVD Toutes zones. Durée : 135mn. DVD et Blu-Ray. Bayerische Staatsoper Recordings. LC96744.

Après notre récente déconvenue wagnérienne, rien de tel qu’une bonne recette pour se rassasier musicalement : deux stars du chant à leur meilleur, une mise en scène fonctionnelle et bien menée et une direction musicale probe et hautement compétente. 

En tête d'affiche le duo composé par Jonas Kaufmann en Andréa Chenier et Anja Harteros en  Maddalena di Coigny. Les deux chanteurs sont absolument géniaux. Timbres étincelants, puissances vocales, larges palettes de nuances et de couleurs,  engagements scéniques, les deux artistes portent au sommet la représentation. Si le ténor munichois est un habitué du rôle qui est l’une de ses grandes incarnations, il faut encore une fois saluer la fabuleuse Anja Harteros qui, si elle n’est pas la plus médiatisée des sopranos, est une musicienne extraordinaire. Les deux artistes, outre leur excellence musicale, imposent une incandescence dramatique d’une rare intensité sur une scène d'opéra contemporain. Le bonheur se prolonge avec le magistral Carlo Gérard de George Petean. Le baryton offre un timbre plastiquement des plus séduisants et une musicalité magistrale. Son air “Emico della Patria” est l’un des grands moments de cette représentation. Le reste de la distribution est digne des plus éloquents éloges : Rachael Wilson  (Bersi), Helena Zubanovic  (Contessa di Coigny),  Larissa Diadkova Madelon), Andrea Borghini (Roucher), Johannes Kammler (Pierre Fleville), Christian Rieger (Fouquier-Tinville).  Les forces chorales du Staatsoper de Munich sont, comme toujours, un exemple d’homogénéité et de musicalité. Dans la fosse,  Marco Armiliato  dirige avec probité et sens du drame. On sent le chef de métier qui laisse la place au duo des deux principaux protagonistes qu’il accompagne avec attention et sens des effets dramaturgiques. On peut certes trouver direction plus affirmée et sophistiquée comme celle d’Antonio Pappano (Opus Arte), mais il faut saluer le métier du chef dans une œuvre pas si facile à unifier avec ses scènes de foule et ses airs incandescents. 

Du côté de la scénographie, le travail de Philipp Stölzl à la mise en scène et au décors (avec la complicité de Heike Vollmer) étonnent par leur côté classique avec des costumes dans le ton de l'époque d’Anke Winckler. Le décor astucieux propose différentes actions simultanées dans des pièces d’habitations. Si certaines images sont très réussies comme le début de l’opéra quand les Coigny accueillent leurs hôtes aristocratiques, on observe, dans la cave, les domestiques s'échauffer et fomenter la révolte. Un tel dispositif scénique est difficile à rendre en vidéo, donnant l’impression d’une gigantesque maison de poupées. Cela étant, la direction d’acteurs est bien menée et les scènes de groupes sont bien dirigées avec des moments forts comme le procès du poète. La seule bizarrerie réside dans le maquillage de Jean-Baptiste Mathieu qui le fait ressembler au Joker, sorte d’ombre maléfique qui parcours l’opéra de l’introduction à l’apothéose, où il fait office de bourreau tout en étant le tortionnaire sadique du poète. Il semble être le double maléfique de l’Incredible, le sinistre espion.     

La réalisation vidéo, confiée au vétéran Brian Large, est certes compétente, surtout dans les airs et les duos, mais elle peine à rendre l'ensemble du plateau du fait des choix scéniques. Le résultat est parfois un peu haché dans son rendu. 

Andrea Chénier est l’une des œuvres les mieux servies  en vidéo. Si on peut préférer dans l’absolu le même Jonas Kaufmann sous la direction d’Antonio Pappano (Warner), cette captation bavaroise vaut le détour pour le duo Kaufmann / Harteros et le Gérard de George Petean.  

Comme toujours avec les parutions de l’Opéra de Munich, cette oeuvre est disponible tant en Blu-Ray qu’en DVD.

Note globale : 9  

Pierre-Jean Tribot

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