Autour de Skip Sempé, un siècle de Renaissance anglaise visité par claviers et flûtes à bec

par

Renaissance English Recorders. Henry VIII (1491-1547), John Dowland (1563-1626), Tobias Hume (1569-1645), William Byrd (c1539-1623), Alfonso Ferrabosco (1575-1628), Thomas Ravenscroft (1588-1635), Christopher Tye (c1500-1572), John Baldwin (c1560-1615), Henry Stonings (fl.1548-1600), Giles Farnaby (1560-1640), Robert Johnson (c1583-1633) & Anonymes. Résonances Consort. Julien Martin, Marine Sablonnière, Evolène Kiener, Pierre Boragno, Benoît Toïgo, flûtes à bec. Skip Sempé, Olivier Fortin, Emmanuel Frankenberg, clavecin, muselaar, épinette. 2021. Livret en anglais et français. TT 65’12. Paradizo PA0020

En mars 1997 pour les micros d’Astrée, Skip Sempé et son Capriccio Stravagante en broken consort enregistraient un mémorable album Byrd (reparu chez son label Paradizo comme opus 15). Sur le même clavecin de 1959 (d’inspiration Seicento) et sur deux autres virginals (muselaar, épinette) du facteur brêmois Martin Skowroneck, le virtuose flamand revient visiter la Renaissance anglaise des airs et danses, en compagnie d’Olivier Fortin, Emmanuel Frankenberg et de cinq distingués flûtistes.

Le programme enchaîne neuf services, dont trois pour les claviers, principalement empruntés à Tobias Hume et au fondamental Fitzwilliam Virginal Book. Les six séquences pour ensemble de recorders couvrent un siècle de répertoire, à commencer par Henry VIII sous le règne duquel le whole consort de flûtes à bec trouva un nouvel essor, grâce aux musiciens venus d’Italie du Nord, notamment la fratrie vénitienne des Bassano. Outre des tubes comme The Three Ravens, The Leaves be Green ou Browning my Dear, le disque puise à deux recueils majeurs du crépuscule d’Elizabeth I : les Pavans, Galliards & Almains d’Anthony Holborne et les Lachrimae de John Dowland.

La notice revient sur la facture des flûtes Renaissance dans les années 1960 et 1970. Autour de 1980, sous étiquette Telefunken (collection « Das alte Werk »), on se rappelle quelques précieux vinyles du Wiener Blockflötenensemble basé à Vienne, consacrés aux écoles germanique, italienne, flamande et anglaise, sur un panel d’instruments de l’Américain Bob Marvin. La présente équipe emploie des modèles d’Ernst Meyer, Thomas Prescott, Francesco Li Virghi et Philippe Laché, construits entre 1995 et 2020, et inclut une contrebasse prêtée par le Conservatoire de Lyon. 

À considérer la discographie depuis ces temps de pionniers, les témoignages marquants ne sont pas si nombreux, au premier rang desquels le CD Browning my Dere de Marion Verbruggen & le Flanders' Recorder Quartet, gravé voilà trente ans pour le label belge Vox Temporis, –une compilation qui partage plusieurs pièces avec la présente. En coproduction avec le Festival Oude Muziek d’Utrecht, cet album s’avère aussi pertinent que prenant. La suavité, la finesse de la captation des flûtes concourt à charmer l’oreille. Les claviers ne leur volent pas la vedette et profitent d’un discret relief, garant d’une écoute homogène pour l’ensemble du parcours alterné. Dans le recueillement des pavanes comme dans les pages extraverties (In Nomine Crye de Christopher Tye, Heigh no holiday d’Holborne…), on ne peut que féliciter l’expressivité, la cohésion et la dextérité des souffleurs du Résonances Consort.

Son : 8,5-9,5 – Livret : 8 – Répertoire : 8-10 – Interprétation : 10

Christophe Steyne

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