Fades enluminures 

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Enluminures. Claude Debussy (1862-1918) : Quatuor à cordes en sol mineur, op.10 ; Judith Adler de Oliveira (née en 1989) : Enluminures, suite pour quatuor. Akhtamar Quartet. 2022. Livret en français et anglais. 40’50’’. CYP1684. 

Cet album porte le titre d’Enluminures et s’ambitionne comme une invitation musicale qui relie Orient et Occident, illustration de la partition de Judith Adler de Oliveira.

Née en 1989, cette musicienne franco-portugaise reprend, dans sa partition pour quatuor à cordes, des thèmes traditionnels arméniens afin de rendre hommage à cet héritage musical qui a selon ses mots “survécu à la double épreuve du génocide et de l’exil”.

En 6 parties, ces Enluminures se veulent très narratives et illustratrices mais elles s'avèrent surtout synthétiques : aucune des parties ne dépasse 3’30’’. La démarche est sincère, mais on regrette une partition sans trop personnalité qui se noie dans le flot des musiques actuelles inspirées d’une tradition nationale : de la world music légèrement intellectuelle mais qui ne dépasse pas l’agréable fond sonore.  Même si la partition ne dure pas plus d’un quart d’heure, elle distille un ennui esthétique et poli. Cette œuvre a été écrite pour le quatuor Akhtamar qui livre une prestation sérieuse mais plutôt rigide : les rythmes et les couleurs semblent corsetés.  

En introduction, le Quatuor Akhtamar se confronte au fabuleux Quatuor à cordes en sol mineur de Debussy dont la discographie est bardée de références : la concurrence est redoutable. La lecture est solide, construite et musicale, mais elle se fait parfois un peu raide dans sa volonté d’être appliquée et consciencieuse. L’expression plutôt didactiquement contrôlée convient aux mouvements pairs : le second mouvement “assez vif et bien rythmé” a une certaine allure et le dernier mouvement est bien contrasté de teintes et de couleurs. Mais premier mouvement peine à nous emporter et "l’andantino" se dévoile monocorde. On est très loin des réussites de quatuors comme les Ebène (Erato) ou les Belcea (Erato) ou la prestation techniquement stratosphérique du Jerusalem String Quartet (Harmonia Mundi), pour ne citer que des versions relativement récentes.     

Le digipack Cyprès est très esthétique avec son beau graphisme pur et poétique, mais le minutage de moins de trois quart d’heure est fort chiche pour un album décliné en support physique. 

Son : 10  Notice : 8  Répertoire : 10 (Debussy) / (4 Judith Adler de Oliveira)  Interprétation : 7

Pierre-Jean Tribot

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