Günter Pichler, à propos du quatuor Alban Berg 

par

À l’occasion des 50 ans du Quatuor Alban Berg, Warner réédite un volumineux et indispensable coffret intégral. Dans ce cadre, Crescendo-Magazine s’entretient avec Günter Pichler, violoniste fondateur du Quatuor Alban Berg.  

Pourquoi avez-vous choisi le nom "Alban Berg" pour nommer le quatuor ? Pourquoi ce nom était-il symboliquement important pour vous ?         

 Avec ce nom, nous voulions souligner l'importance de la musique du XXe siècle pour nous. 

En quoi la création d'un quatuor à cordes à plein temps était-elle innovante à Vienne dans les années 1970 ?         

À Vienne, tous les quatuors étaient constitués de braises de la Philharmonie viennoise à une exception près, le Quatuor Kolisch. Dès lors, notre démarche était assez « novatrice ». 

Le quatuor Alban Berg a été particulièrement actif dans le répertoire contemporain. Pourquoi cet intérêt pour les compositeurs contemporains était-il si important pour vous ?       

Nous étions convaincus que le XXe siècle avait produit des compositeurs exceptionnels qui, cependant, n'étaient pas assez joués. Pour nous, il était crucial de rapprocher ces compositeurs du grand public. 

Lorsque nous examinons la liste des partitions contemporaines que vous avez enregistrées, nous pouvons constater une grande amplitude stylistique chez les compositeurs : Rihm, Schnittke, Berio, Lutoslawski, Von Einem... Comment avez-vous sélectionné ces compositeurs ?    

Nous avons commandé des quatuors à cordes aux compositeurs que vous avez nommés et avons créé ces partitions, car nous les considérions comme les compositeurs les plus influents du siècle. 

Lorsque nous regardons votre impressionnante discographie, nous remarquons deux absences : Schönberg et Chostakovitch. S'agit-il d'un choix délibéré ou d'une conséquence des événements ?                                                                     

À cette époque, il y avait des enregistrements des quatuors de Chostakovitch par le Quatuor Borodine qui, selon nous, resteraient inégalés. Malheureusement, notre projet Schönberg a été sans cesse reporté pour plusieurs raisons, jusqu'à ce qu'il soit trop tard. 

Dans votre discographie, nous remarquons un album inattendu consacré au tango. Qu'est-ce qui vous a attiré vers cette musique ?                                                

Un jour, alors que je dirigeais aux Pays-Bas, mon soliste au bandonéon était Per Arne Glorvigen. J'ai été extrêmement impressionné et ravi par son talent musical, ce qui m'a incité à poursuivre la collaboration. Ainsi, nous avons commandé une composition pour quatuor et bandonéon au compositeur viennois Kurt Schwertsik, nous l’avons créée et enregistrée. Il était évident pour nous d'inclure Tangos dans les enregistrements de cet album.

L'enseignement a toujours été très important pour le quatuor Alban Berg. Qu'est-ce que la transmission vous a apporté dans votre pratique quotidienne ?                           

Franchement, mes activités d'enseignement n'ont eu aucun impact sur ma pratique quotidienne. 

Vos premiers enregistrements complets des quatuors à cordes de Beethoven ont révolutionné l'approche de ces partitions en tournant le dos à une tradition romantique de quatuors tels que le Busch ou les quatuors à cordes de Budapest. Vous en étiez conscient ?                                                          

Avant que nous ne commencions à enregistrer les quatuors de Beethoven, j'ai étudié et analysé une variété d'enregistrements des plus grands quatuors, afin d'arriver à une interprétation indépendante.

Pour tous les jeunes quatuors à cordes, le Quatuor Alban Berg est une référence incontournable. Comment voyez-vous l'évolution du quatuor à cordes ?

L'évolution en cours est très bonne. Aujourd'hui, il y a plus de bons jeunes quatuors que jamais auparavant, ce qui est également dû à une forte augmentation de l'offre de formation en musique de chambre.  Ces jeunes artistes sont devenus plus courageux et plus libres, ce qui va souvent de pair avec une moindre envie de s'engager dans un orchestre. Néanmoins, le nombre de quatuors de haut niveau, qui n'est qu'une poignée, n'a pas changé. 

Ecoutez-vous parfois vos propres enregistrements ?                     

Très, très rarement, mais quand je le fais, c'est parfois avec beaucoup de plaisir.  À notre surprise, il semble que pour certaines œuvres que nous avons gravées, elles nous ont bien réussi. 

Crédits photographiques : Hugo Jehle / Warner Classics

Propos recueillis par Pierre-Jean Tribot

https://www.crescendo-magazine.be/quatuor-alban-berg-lintegrale/

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.