Passerelle conceptuelle entre Asie et Occident 

par

Qigang Chen (né en 1951) : Wu Xing the Five Elements ; La joie de la Souffrance : concerto pour violon et orchestre ; Fritz Kreisler (1875-1962) : Tambourin Chinois ; Sergei Rachmaninov (1873-1943) : Danses symphoniques. Maxim Vengerov, violon ; Shanghai Symphony Orchestra, Long Yu. 2018-Livret en anglais et allemand-74’21-DGG-483 6606.

Le coeur de la musique classique se déplace vers l’Asie et DGG, qui continue de chercher sa place dans un marché mondial évolutif, se rapproche de l’Orchestre Symphonique de Shanghai avec lequel le label entame une collaboration. Après les Carmina Burana à la Cité interdite, DGG propose une carte de visite orchestrale sous la baguette de Long Yu, figure incontournable de la musique classique en Chine. 

La notice de présentation insiste sur l’Histoire de la phalange qui célèbre cette année ses 140 ans et l’auteur du texte se plaît à comparer la naissance d’un orchestre chinois avec celle des grands ensembles américains ou européens. 

L’affiche propose un choc des styles et des générations avec, en ouverture de programme, deux pièces de Qigang Chen, compositeur franco-chinois régulièrement programmé à travers le monde. Sa suite Wu Xing, belle pièce de 1999, témoigne d’un amour du timbre qu’il a appris auprès de son professeur Olivier Messiaen. Changement de registre avec La Joie de la souffrance, pièce pour violon et orchestre composée pour le concours Isaac Stern de Shanghai. On entend ici une musique mondialisée qui reprend des citations et des thèmes chinois mâtinés d’une ambiance “efficace” plutôt américaine et on pense naturellement à André Previn ou Leonard Bernstein. Un Maxime Vengerov en petite forme et peu inspiré s’avère peu convaincant alors que l’accompagnement orchestral est assez rigide et peu inventif. Le pittoresque mais très cliché “tambourin chinois” de Kreisler est une transition facile avec les Danses Symphoniques de Rachmaninov. 

Sorte de concerto pour orchestre en parade, ces Danses Symphoniques sont un étalon de la qualité des pupitres. L’Orchestre de Shanghai fait bloc collectivement mais sans rivaliser avec des phalanges plus prestigieuses : Amsterdam avec Ashkenazy (Decca), Berlin avec Maazel (DGG), Philadelphie avec Dutoit (Decca) sans oublier les références russes de Kondrashin et Svetlanov (Melodyia) aux pupitres d’orchestres certes typés local mais plus vivants. Cette prestation n’est pas déshonorante mais elle sonne comme un devoir assez appliqué. 

Carte de visite assez décevante pour l’entrée en matière de cette équipe chinoise pour DGG qui devrait réfléchir à un meilleur concept éditorial que cette alliance peu lisible entre un compositeur contemporain francophile et la mécanique orchestrale implacable du Russe Rachmaninov exilé aux USA. Ravel ou Debussy auraient été mieux assortis à la musique de Qigang Chen. 

Son 9 – Livret 5 – Répertoire 7 – Interprétation 6

 

     

 

      

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