Tasmin Little et Shlomo Mintz rendent hommage à Ida Haendel

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La grande violoniste Ida Haendel était une personnalité centrale de la scène musicale. L'annonce de son décès a provoqué une grande vague d'émotion chez les artistes, tant cette femme exceptionnelle était aimée du milieu. Outre ses concerts et ses enregistrements qui ont marqué les mémoires, la violoniste avait consacré beaucoup de temps à l'enseignement. Nous avons demandé à deux personnalités majeures de la scène violonistique de nous livrer un témoignage à propos de Ida Haendel. Nous remercions chalheureusement Tasmin Little et Shlomo Mintz

Dans ma jeunesse, je me souviens être tombée amoureuse du jeu d'Ida Haendel, qui est devenue ma première héroïne au violon.  La combinaison de sa technique éblouissante et d'une musicalité impeccable m'ont inspirée dans une pratique intense de mon instrument dans l'espoir qu'un jour je pourrais jouer aussi bien qu'elle !  Elle a été une grande championne du Concerto de Britten à une époque où il était terriblement négligé par les autres solistes ; elle a également joué le Concerto de Walton lorsqu'il ne faisait pas partie du répertoire standard, ainsi que le Concerto de Delius, que je l'ai entendue jouer au Royal Festival Hall de Londres. Je me souviens d'un récital époustouflant au Wigmore Hall de Londres où elle a joué une étonnante Chaconne de Bach qui n'a pas faibli une seule seconde, et une interprétation solide comme le roc de la Sonate n°3 d'Enescu, tout cela de mémoire. Ensuite, je suis allée lui parler dans les loges et elle a été si chaleureuse et élogieuse à propos de mon propre jeu, ce qui était un grand honneur.

L'œuvre que j'ai la plus aimée sous son archet, c’est le Concerto de Sibelius. Personne avant ou depuis elle n'a jamais interprété le mouvement central avec une telle lenteur, à couper le souffle, et avec ce sentiment d'inexorabilité et de profondeur des sentiments. Avec Ida Haendel, le premier mouvement avait une telle excitation, une telle passion, un tel feu et une telle glace. Et le dernier mouvement, toujours délicat pour tout violoniste, semblait danser avec aisance et une énergie hypnotique.

Repose en paix, chère Ida, tu ne seras jamais oubliée

Tasmin Little, OBE.

La première fois que j’ai rencontré Ida Haendel, j’avais 13 ans et je donnais l’un de mes premiers récitals. J’ai bien sûr eu l’occasion de l’entendre à plusieurs reprises en concert avec l’Orchestre Philharmonique d'Israël. Je garde de haute mémoire le souvenir d’une interprétation fabuleuse du Concerto de Sibelius. Ensuite, nous sommes devenus proches, je l’ai rencontrée à plusieurs reprises à Miami, nous avons même partagé pendant un moment le même manageur. J’ai eu aussi l’occasion de l’inviter à plusieurs reprises à Keshet Eilon quand j’y étais en charge des cours de violon. Je me souviens autant de nos longues conversations que de son énergie et de son investissement pour les jeunes artistes.

Ida Haendel était une femme merveilleuse, capable de vous raconter des histoires formidables, j’étais tellement heureux de partager ces moments privilégiés avec elle. Elle me manquera énormément ainsi qu’au monde de la musique et surtout aux jeunes musiciens auxquels elle prodiguait sans compter ses précieux conseils et avis. De nombreuses vidéos nous permettent de revoir son visage si rayonnant avec la musique ou envers la vie.

Shlomo Mintz

Crédits photographiques  et remerciements : Tasmin Little /  Shlomo Mintz / DR

 

 

 

 

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