Une violoncelliste audacieuse et moderne !

par
Nadège

Edward ELGAR
(1857 - 1934)
Concerto pour violoncelle et orchestre en mi mineur op. 85
William WALTON
(1902 - 1983)
Concerto pour violoncelle et orchestre
Ina BOYLE  (1889 - 1967) : Élégie pour violoncelle et orchestre
Nadège Rochat (violoncelle), Staatskapelle Weimar dir. Paul Meyer
2017-DDD-62’40-Textes de présentation en allemand et anglais – Ars Produktion ARS 38 221
La musique anglaise (et irlandaise !) pour violoncelle est résolument à la mode ! Après un CD d’œuvres concertantes anglaises par Steven Isserlis l’année dernière, ainsi qu’une parution d’œuvres pour violoncelle et piano d’Ireland, Bax et Delius sur le label Lyrita (voir l’article de Bernard Postiau du 5 octobre 2017) – la violoncelliste franco-suisse Nadège Rochat et la Staatskapelle Weimar se penchent sur les concertos d’Elgar et de Walton, ainsi que sur l’Élégie de la compositrice irlandaise Ina Boyle (en premier enregistrement commercial). Les concertos d’Elgar et de Walton vont souvent de pair dans les enregistrements. En effet, le tragico-héroïsme du premier se combine bien à la rêverie et l’introspection du second. L’ajout de la courte Élégie d’Ina Boyle entre ces deux monuments permet de découvrir cette compositrice irlandaise singulière, dont la musique à fleur de peau rappelle le romantisme brahmsien. À l’écoute de cette courte pièce évocatrice écrite en 1913, on se réjouit déjà de savoir que Nadège Rochat prévoit d’enregistrer d’autres œuvres de Boyle dans le futur. Qui dit musique anglaise pour violoncelle dit l’éternellement populaire Concerto d’Edward Elgar, œuvre mythique qu’il n’est plus nécessaire de présenter. Malheureusement, sa popularité éclipse les autres concertos anglais – le Concerto de Walton en est le parfait exemple. Écrit pour Piatigorsky en 1956, on retrouve dans ce chef-d’œuvre méconnu toutes les caractéristiques de la musique de William Walton, si populaire outre-Manche. Le lyrisme rêveur du premier mouvement contraste nettement avec le 2ème mouvement à double face – d’un côté angulaire et vigoureux, de l’autre tendre et mélancolique. Le troisième mouvement, Thème et Variations, évoque clairement l’esthétique musicale de Britten, Bartók et Hindemith. Dans le Concerto d’Elgar, l’approche poétique et délicate de Nadège Rochat la différencie de maintes violoncellistes qui optent pour une passion (parfois débordante) telles que Jacqueline Du Pré, ou plus récemment, Alisa Weilerstein et Sol Gabetta. Ce qui pourrait être qualifié de timidité dans l’Elgar disparaît entièrement dans l’interprétation du Concerto de Walton – on y retrouve une franchise, une ardeur et une malléabilité sonore exemplaire : la violoncelliste profite judicieusement de l’orchestration étincelante de Walton pour fondre ses lignes mélodiques dans les couleurs orchestrales. Notons les notes de programme, très réussies, qui introduisent aussi bien le contexte de la musique anglaise du début du XXe siècle que les œuvres elles-mêmes. Nadège Rochat prend également la parole pour expliquer la genèse du CD, le choix des œuvres, ainsi que certains de ses choix interprétatifs. Saluons finalement l’esprit d’initiative de la violoncelliste qui s’est tournée vers le crowdfunding (financement participatif) pour lui permettre d’enregistrer ce disque.
Pierre Fontenelle, Reporter de l’IMEP

Son 10 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 10 

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