Zemlinsky foncièrement autobiographique 

par

(1871-1942) : Der Zwerg. Tobias Kratzer, mise scène ; Rainer Sellmaier, décors et costumes ; Stefan Woinke, lumières. Donna Clara,  Elena Tsallagova ; Ghita, Emily Magee ; Der Zwerg (chanteur), David Butt Philip ; Der Zwerg (acteur), Mick Morris Mehnert ; Don Estoban, Philipp Jekal ; Erste Zofe, Flurina Stucki ; Zweite Zofe, Amber Fasquelle ; Dritte Zofe, Maiju Vaahtoluoto ; Das erste Mädchen, So Young Park ; Das zweite Mädchen, Kristina Häger. Berlin Deutsche Opera Chorus, Jeremy Bines. Berlin Deutsche Opera Orchestra, Donald Runnicles. Format image : NTSC 16:9. Format son : PCM Stereo / DTS 5.1. Chanté en allemand. Sous titres en : allemand, anglais, français, japonais et coréen. 95mn. DVD : zone 0. 1 DVD Naxos : 2.110657


L’histoire du Nain de Zemlinsky est devenue presque mythique. Rejeté par Alma Mahler qu’il convoitait, cette dernière le traita de “gnome hideux, sans menton et sans dents, sentant le bistrot et mal lavé” dans un geste d’humiliation verbale dont elle avait coutume. Le compositeur en tira cet opéra d’après le conte l’Anniversaire de l’Infante d’Oscar Wilde : un sultan envoie un nain comme cadeau d’anniversaire à la princesse espagnole Donna Clara, mais ce nain qui n’a pas conscience de sa difformité physique. Il tombe amoureux de la princesse, mais découvre sa laideur en se regardant dans un miroir et il meurt d’être rejeté par la jeune femme. Créée en 1922 à Cologne sous la baguette d’Otto Klemperer, l’oeuvre tomba dans l’oubli avant d’être remontée en 1981 à Hambourg. Mais c’est le travail du chef d’orchestre James Conlon sur l’oeuvre de Zemlinsky qui la remit aux programmes des saisons lyrique par son enregistrement chez Warner et par des productions à Paris ou Los Angeles. Cette œuvre, en un seul d’acte, s’est imposée comme l’opéra le plus connu du compositeur et on la retrouve régulièrement à l’affiche. Il faut dire qu’outre la force évocatrice de l’histoire, la musique de Zemlinsky est comme toujours superbe ! 

Filmée en 2019 au Deutsche Oper de Berlin, un des temples allemands des mises en scène d’avant-garde, cette production de Tobias Kratzer étonne par son côté relativement classique dans un opéra qui peut se prêter à nombre de débordements. Le lien autobiographique de l'histoire est renforcé par l’ajout d’un prologue sur base de la Begleitungsmusik zu einer Lichtspielszene, Op. 34 d’Arnold Schoenberg. On y voit 2 acteurs jouer Alma Mahler et Alexander von Zemlinsky, et l’opéra Der Zwerg est ainsi une suite, tel un cauchemar qui commence comme un rêve et le nain est ici le compositeur. Un buste de Zemlinsky vient d’ailleurs prendre place sur scène après la mort du Nain. La mise en scène est claire et nette tout en suggérant plusieurs degrés de lecture comme celle de la société du spectacle ou un appel au public par ce miroir qui couvre tout l’espace d’ouverture de scène et qui renvoie leur image aux spectateurs.  

La réalisation musicale est excellente avec une distribution de très haut vol : Elena Tsallagova, Emily Magee, David Butt Philip et Philipp Jekal. La direction de Donald Runnicles, expert de ces musiques post-romantiques, est exemplaire au pupitre de son orchestre berlinois. 

Ce DVD est une grande réussite et affirme le Deutsche Oper comme le spécialiste de ce répertoire après un formidable Das Wunder der Heliane de Korngold l’an passé. 

Note globale : 10

Pierre-Jean Tribot 

 

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