Gala de prestige pour la remise des ICMA à Milan
C'est l'Orchestra Sinfonica di Milano Giuseppe Verdi et son chef John Axelrod qui accueillaient le gala et la remise des ICMA à l'Auditorium de Milan. Nous reviendrons sur la salle, l'orchestre et leur histoire car cela mérite vraiment d'être conté.Le lundi 18 mars, le monde musical se retrouvait pour le gala annuel au cours duquel les Awards sont remis aux artistes sélectionnés par le jury international. A nouveau une belle moisson au sein de laquelle on retrouvait Aldo Ciccolini (Lifetime Achievement), Caroline Widmann (artiste de l'année), Valer Sabadus (jeune artiste vocal de l'année), Alessandro Mazzamuto (jeune artiste instrumental dont nous venons d'apprendre qu'il a été appelé par Martha Argerich au Festival de Lugano), Audite (label de l'année), le Philharmonia Orchestra (meilleur site web de l'année), Robert von Bähr (le fondateur du label BIS, prix spécial pour l'ensemble de ses réalisations), l'Orchestre LaVerdi (prix spécial) ainsi que 15 prix recouvrant autant de catégories pour couronner les meilleurs enregistrements CD et DVD (voir le site icma-info.com). Maestro Riccardo Chaily avait également tenu à rehausser l'évènement de sa présence pour le Prix "Best Collection" attribué à l'intégrale des symphonies de Bruckner par l'orchestre du Gewandhaus dirigé par Herbert Blomstedt chez Querstand. Il n'a pas caché son émotion de retrouver les lieux qu'il a fondés et l'orchestre qu'il a dirigé avant de rejoindre Leipzig, rendant hommage au mécène qui a permis cette réalisation d'envergure. L'orchestre et divers solistes se retrouvaient pour une soirée de concert variée, couvrant le répertoire de Gabrieli, Schütz et Haendel à Stravinsky, Moniusko, Copland et Korngold. Merveilleuse Caroline Widmann dans le concerto pour violon de ce dernier; raffinement émotionnel de Valer Sabadus dans le Cara Sposa de Haendel; éclaboussante virtuosité de Laura Ruiz Ferreres dans le concerto pour clarinette de Copland; profonde voix de baryton du Polonais Leszek Skrla dans Moniuszko; étincelante sonorité des cuivres des Cornets Noirs dans Gabrieli et Schütz; classe de Nicolas Altstaedt dans le 1er concerto pour violoncelle de Haydn; force sonore d'Alessandro Mazzamuto dans le "2e Rachma" que les répétitions nous promettaient plus nuancé. Quelle émotion par contre de voir entrer en scène un jeune homme de 88 ans, Aldo Ciccolini. Il rejoint le piano pour nous livrer, de mémoire, le Isolde Liebestod de Wagner revu par Franz Liszt: élégance du phrasé, pureté sonore, grande geste musicale... une leçon de musique et de vie. Titulaire du prix du meilleur enregistrement historique pour le CD "Ballets Russes" enregistré chez Melodiya, Dmitrij Kitajenko échangeait la baguette avec John Axelrod pour la Berceuse et le Finale de l'Oiseau de Feu de Stravinsky. Il est toujours passionnant d'entendre un même orchestre dirigé par deux chefs différents au cours d'une même soirée. Après la verve dynamique et électrisante de John Axelrod, nous rencontrions, en miroir, la sérénité bouillonnante du chef russe sculptant les couleurs et la rythmique du chef-d'oeuvre de Stravinsky. Reprenant la baguette, John Axelrod clôturait la soirée avec... Verdi, bien sûr, et l'ouverture de La Force du Destin. Saluons le remarquable travail de l'orchestre et de son chef à l'écoute des solistes et tendant la main aux jeunes artistes pour les porter au meilleur d'eux-mêmes.
L'an prochain, les ICMA seront remis à Varsovie dans le cadre du Festival Beethoven et, en 2015, à Ankara à l'invitation de l'Academic Bilkent Symphony Orchestra. Et d'ici-là, tant de choses que nous ne manquerons pas de vous communiquer.
Bernadette Beyne