La Didone de Cavalli
Francesco CAVALLI
1602-1676
La Didone
Anna BONITATIBUS Didone, Kresimir SPICER Enea, Xavier SABATA Iarba, Maria STREIJFFERT Ecuba, Katherine WATSON Cassandra, Nini GOLDSTEIN Tehila, Maria REWERSKI Anna Fortuna, Claire DEBONO Venere, Iride, Terry WEY Ascanio Amore, Victor TORRES Anchise, Valerio CONTALDO Correbo, Eolo, Mathias VIDAL Iliono, Mercurio, Joseph CORNWELL Acate, Sicheo, Francisco JAVIER BORDA Sinon Greco, Giove, Les ARTS FLORISSANTS, direction William CHRISTIE, mise en scène Clément HERVIEU-LEGER
2011-176'-DVD 9- NTSC DD DTS- 16:9- chanté en français- sous-titres en anglais, français et allemand- opus arte OA 1080 D
Notre récent compte rendu des représentations de Caen -présentées ici en DVD, faisait déjà allusion une méprise de mise en scène rédhibitoire: l'exubérance latine prise dans la poigne de fer d'une lecture néo classique (voire germanique). Cavalli n'est pas Racine ni Corneille, même si l'intrigue se réfère à l'Antiquité gréco-latine, même si l'auteur parut à la cour de France. Situé entre Monteverdi et Vivaldi, le compositeur lombard, maître de chapelle de Saint Marc à Venise appelle une tout autre esthétique. Méprise à laquelle s'ajoute la pénombre dans laquelle est plongée la scène faisant craindre une image sinistre. En effet, ce qu'on voit plus ou moins distinctement de loin apparaît cette fois en gros plans (toujours aussi sombres): costumes terre brûlée, gris cendre ou noirs, défauts physiques mis à nu, ruines de carton en fond de scène et dépouille de cerf au premier plan.... Si bien que les joyaux musicaux qui nous avaient ponctuellement touchés, émus, amusés se noient à l'image, dans la raideur, les reptations et l'obscurité de la direction de plateau (Clément Hervieu Léger assisté d'Eric Ruf, Bertrand Couderc et Caroline de Vivaise). Quant à la partition -décidément trop prolixe- la fébrilité d'écriture l'emporte souvent sur la vérité des sentiments. Et la lecture néo classique qui en est faite ici juxtapose les aspects composites sans nécessité organique, en en soulignant les faiblesses. (Que n'eût on donné priorité à l’éclectisme et la plus folle fantaisie!) Certes William Christie essaye- mais sans toujours y parvenir, de l'animer et de la vivifier. Mais il se contente de ponctuer d'accords le récitatif et de conclure les mélodies à peu près toujours de la même manière. Bien loin du «parlar cantando», de la logique de mouvements contraires chère aux baroques, les chanteurs tous honorables restent prisonniers des options scénographiques. Déséquilibre également entre la photo et le son relégué au second plan. En résumé, un Dvd qui sert moins la musique de Cavalli qu'on aurait pu l'espérer et, une fois de plus, à cause d'options scéniques sans rapport avec le style de l'ouvrage.
Bénédicte Palaux Simonnet
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