Schuricht à Stuttgart
Oeuvres de Beethoven, Schubert, Brahms, Schumann, Richard Strauss, Weber, Wolf, Tchaikovski, Reznicek, Blacher, Debussy, Raphael, Oboussier, Liszt, Reger et Wagner
Lucretia WEST (alto), Roman SCHIMMER (violon), Orchestre Symphonique de la Radio de Stuttgart, dir.: Carl SCHURICHT
1952-1963-ADD-11h env.-Textes de présentation en anglais et allemand-Hänssler (10 cd)
Il y a huit ans environ, le label Hänssler entamait une édition Carl Schuricht qui s'attachait à faire revivre les années de la collaboration que le chef allemand entretint avec l'orchestre de la radio de Stuttgart du début des années 50 au début des années 60. Les vingt disques qui parurent d'abord séparément furent ensuite rassemblés en un coffret, toujours disponible, agrémenté d'un dvd complémentaire qui nous offrait quelques-uns des très rares documents visuels consacrés à celui dont la discrétion n'affectait en rien l'excellence. C'est sans tambour ni trompette que nous parvient aujourd'hui un nouveau volume de dix disques toujours aussi passionnants, qui viennent compléter à merveille la première fournée. En mettant les deux coffrets ensemble, nous obtenons en effet une quasi intégrale des symphonies de Beethoven (seules les 2ème et 8ème manquent) ainsi que les quatres de Brahms. L'orchestre n'a sans doute pas le lustre des Berlinois ou des Viennois mais jamais, sans doute, il n'aura montré autant de discipline ni autant donné le meilleur de lui-même que sous cette baguette toujours vive, alerte, extrêmement précise, directe et pourtant sans la moindre sécheresse, allant toujours à l'essentiel. La simplicité et la logique sont les moteurs de ces interprétations d'une totale probité, sans le moindre épanchement, qui ne s'embarrassent jamais d'effets mais s'attachent toujours à exprimer au mieux toutes les intentions du compositeur. Des visions classiques, mais menées avec une maîtrise qu'on ne peut que saluer. Le programme lui-même est fort traditionnel, à quelques exceptions près. C'est ainsi que l'on trouvera des pages qui témoignent de la curiosité inlassable de cet artiste hors du commun sous des dehors de Kapelmeister: Sinfonia breve de Günter Raphael, concerto pour violon de Robert Oboussier, Musique concertante de Boris Blacher, ouverture Hamlet de Tchaikovski, etc. Pour le reste, on pointera une 3ème de Schumann – grande spécialité du chef – superlative, des ouvertures de Weber (Euryanthe et Oberon) électrisantes, une Sinfonia Domestica de Richard Strauss qui intéresse de bout en bout, des Variations sur un thème de Hiller de Max Reger qui soutiennent la comparaison avec les meilleurs, Keilberth en tête; une page qu'il affectionnait particulièrement et que l'on retrouve dans une captation en public proposée un temps par le label BBC Legends. Le dernier disque est particulièrement précieux puisqu'il nous donne une des très rares occasions d'entendre Schuricht en répétition: près de 18 minutes d'une 4ème de Brahms et une grande demi-heure d'extraits de Parsifal où le chef parle peu, laisse jouer ses musiciens et ne les interrompt généralement que pour leur demander davantage de souplesse ou pour préciser l'une ou l'autre indication qui permettront d'insuffler plus de relief à l'interprétation. Un témoignage essentiel de l'une des personnalités les plus indispensables du paysage musical allemand du vingtième siècle.
Bernard Postiau
Son 9 - Livret 9 - Répertoire 10 - Interprétation 10