Fulgurances !

par

Diana DAMRAU
Fiamma del Belcanto
Airs de DONIZETTI, BELLINI, VERDI, PUCCINI, LEONCAVALLO
Nicole Brandolino (mezzo-soprano), Piotr Beczala (ténor), Nicolas Testé (basse),
Orchestra Teatro Regio Torinon, dir.: Gianandrea NOSEDA
2015- 1CD- 78'50 - présentation et textes en anglais, français, allemand- chanté en italien- ERATO 0825646166749

Fiamma ! Oui, flammes et fougue consument la soprano Diana Damrau qui nous présente ici un choix d’œuvres italiennes qui visent à faire plaisir à l'auditeur, tout en démontrant l'adéquation de l'interprète à un répertoire plus large que celui de la soprano élevé colorature de ses débuts. Et c'est vrai : elle offre tout son cœur, toute sa vibrante sensibilité. Sans emphase, sans afféteries déplacées, elle se donne à fond, vivant ses textes, faisant valoir toutes les facettes d' émotions que recèlent ces drames. Pour elle – selon la présentation- le « Bel Canto » est simplement le « beau chant ». Certes, c'est la moindre des choses ! Pourtant, on peut s'étonner de trouver sous le vocable « Bel Canto » à côté de Bellini (1801-1835) et Donizetti (1797-1848), des compositeurs (Verdi, Puccini et Leoncavallo) qui, sans doute, conservent certains éléments des codes belcantistes mais s'en détachent profondément. Ils s'en éloignent autant par la place et le rôle de la ligne vocale que par l'abandon de la dynamique de « métamorphose » des personnages, la disparition de l'architecture de la transcendance et la perte de l'adéquation de la vocalité à cette logique dynamique. Dynamique qui veut que, ni héros ni public ne seront les mêmes au début et à la fin de l’œuvre. Dommage qu'une artiste aussi virtuose se contente de fulgurances intuitives et n'interprète pas en pleine conscience des rôles aussi différents humainement, stylistiquement et spirituellement que Maria Stuarda, Mimi ou Nedda dans « Pagliaci » ! L'éclat incisif du timbre se prête moins aux airs plus larges (« E strano ») où l'on aimerait aussi sentir de la rondeur moelleuse, ce quelque chose de capiteux et de vulnérable que ne compense pas la maîtrise du galbe. A ces réserves près, voici donc un disque finalement réussi. La voix est habilement captée (sauf le dernier aigu su « Sempre libera » !), l'orchestre bien allant, la musicalité présente, la vivacité au rendez-vous. Attendons les prises de rôle...
Bénédicte Palaux Simonnet

Son 10 - Livret 9 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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