Après Schumann, Chopin.

Frédéric Chopin (1810-1849) : Sonate pour n°2 en si bémol mineur, Op. 35 – Nocturne n°13 en do mineur, Op. 48 n°1 – Sonate pour piano n°3 en si mineur, Op. 58. Eugen Indjic, piano. 2018-DDD-54’33-Textes de présentation en anglais, français et polonais-Dux-1180

Après un disque Schumann exquis en 2015, c’est Chopin que le pianiste Eugen Indjic choisit ici d’enregistrer. Grand Prix des Concours Chopin, Leeds et Rubinstein, le pianiste ne cesse de nous éblouir par un sens inné du phrasé, une palette riche de couleurs mais, surtout, par des dynamiques et une vivacité que l’on découvre notamment dans le premier mouvement de la Sonate « funèbre ». Ici, Indjic raconte une histoire, il vit cette musique qui semble l’habiter depuis toujours. Un vrai poème en somme, c’est ici un enchaînement d’épisodes émotionnels qui nous sensibilisent et qui nous mettent en émoi. Le timbre est délicat, rudement bien conduit et amené. Un rien de pédale, parfois très joueuse pour encore plus de surprises dans certaines formules d’accompagnement, une architecture intelligemment organisée, une virtuosité qui ne fait jamais défaut, bref une seconde Sonate explosive de dramatisme. D’une fluidité inébranlable et d’une richesse harmonique avertie, le 13e Nocturne se place ici tel un poème que le pianiste souhaite nous offrir. Résultat : une écoute en boucle. Plus complexe est l’Op. 58, Sonate d’une rare maturité, parfois déconcertante voire déroutante. Indjic n’en démord pas, il continue de proposer un langage qui est le fruit d’une expérience riche de découvertes et de quêtes en tous genres. Jamais il ne se perd et sa logique l’emmène au plus profond de la partition. La respiration qu’il insuffle à la ligne offre un Chopin remarquable et profondément juste. Il ne manque que la Sonate N°1 pour parfaire ce coffre. A venir peut-être ?

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10

Ayrton Desimpelaere