Kenji Miura, récital en paysages franco-japonais
Identity. César Franck (1822-1890) : Prélude, Fugue et Variations, Op.18 CFF 308 ; Tōru Takemitsu (1930-1996) : Romance, Rain Tree Sketch II ; Maurice Ravel (1875-1937) : Jeux d’eau, M.30 ; Valses nobles et sentimentales, M.61 ; Claude Debussy (1875-1918) : Six épigraphes antiques, L.139 ; L’isle Joyeuse L.109 ; Bonus : Benjamin Godard (1849-1895) : Mazurka n°2, Op.54. Kenji Miura, piano. 2021. Livret en anglais, français et allemand. 68’14’’. Warner Classics. 0190296 154584.
Vainqueur du Concours Long-Thibaud-Crespin 2019, le pianiste japonais Kenji Miura se voit offrir un premier album récital chez Warner. Le programme franco-japonais répond au titre “d’Identité”, qui renvoie ici à une citation de son compatriote Tōru Takemitsu citée dans le booklet “Choisir de me consacrer à la musique a clarifié mon identité". Le pianiste au parcours très international s’y livre avec sincérité, mettant en avant son propre itinéraire à travers les frontières.
On retrouve cette sincérité dans les facettes de ce récital qui tisse des liens entre des univers à la fois proches et différents. On apprécie d’emblée la fluidité et la flexibilité d’un toucher qui parvient à peindre les ambiances des différentes partitions avec ce qu’il faut de poésie et de sens narratif. Les Ravel et les Debussy sont parfaits d’engagement précis et de sens des couleurs, sans jamais verser dans une sécheresse. L’artiste sait faire sonner son instrument dans un kaléidoscope digne de la palette des meilleurs peintres. Dans les deux pièces de Tōru Takemitsu, l’artiste tisse un monde de sonorités imagées alors que le célèbre Prélude, Fugue et Variations de César Franck regarde vers la modernité. La belle Mazurka de Godard est un joli bonus qui nous fait redécouvrir cette oeuvre.
On retient de ce disque, une musicalité sincère et sensible et une grande flexibilité. Pour un album carte de visite, c’est une belle réussite.
Son : 9 – Livret : 8 – Répertoire : 10 Interprétation : 9
Pierre-Jean Tribot