La Mandolinata, 130 ans de cordes pincées au cœur de Genève
L’ensemble né en 1893 a prolongé à la Cour du 14 sa longue histoire d’amour avec l’instrument bombé, face à un public en sueur et conquis.
Avec ses sonorités se répandant telles des gouttelettes métalliques, il faut en convenir, la mandoline n’offre pas l’approche la plus aisée qui soit pour le mélomane peu familier de l’objet. Les mouvements de plectre qu’elle requiert pour exister, tous nerveux et quasi incessants, n’améliorent pas son cas, puisqu’ils génèrent des averses sonores d’une densité puissante, placées dans les tessitures aiguës. Bref, cet exotisme de bois et de cordes n’aurait rien en principe pour attirer l’attention du grand public. Mais il en a été tout autrement dans un temps révolu, et l’histoire de l’ensemble genevois Mandolinata le rappelle.
Cette histoire, elle dit que dans la foulée de sa naissance, en 1893, la formation guidée par quelques figures originaires d’Italie -tout comme l’instrument- rencontra un succès foudroyant et durable. Dans ses rangs, on a compté jusqu’à une cinquantaine de membres, tous dévolus à différentes variantes instrumentales, allant de la mandoline au mandoloncelle, en passant par la mandole. Et pour renforcer la charpente, on y a ajouté au fil du temps une contrebasse et des guitares. Cette joyeuse bande a sillonné pendant des décennies la Suisse et quelques pays européens, accueillie avec un enthousiasme qu’on peine à imaginer de nos jours.
Et aujourd’hui, qu’en est-il donc ? Les rangs se sont considérablement amaigris et la moyenne d’âge des membres a grimpé en même temps. Mais la passion est restée intacte, campée en territoire baroque, avec des pièces notamment de Haydn, Gluck, Pachelbel et Vivaldi bien sûr, qui a écrit au moins quatre concertos entièrement dédiés à la mandoline.