Rencontre avec la soprano Gwendoline Blondeel
Plus rien n’arrête la soprane belge Gwendoline Blondeel. Révélée au Concours de Froville en 2019, elle enchaîne depuis les représentations dans les plus grandes salles européennes. Crescendo Magazine rencontre cette chanteuse pétillante et polyvalente au succès critique renversant.
Depuis votre Premier Prix au Concours de Froville en 2019 plus rien ne semble vous être impossible. Quel bilan tirez-vous de ce prix et des 5 dernières années pour votre évolution artistique ?
Je suis très heureuse de mon parcours depuis le Concours de Froville. J'ai eu la chance de rencontrer des personnes formidables, de chanter avec des collègues que j'admire et de m'entourer des bonnes personnes pour construire ma carrière.
Lorsque j'ai gagné ce concours, je me rappelle d'un commentaire d'un des membres du jury, Claude Cortese, qui m'a dit "le plus important maintenant, c'est de dire non". Et il n'a pas eu tort. En tant que jeune chanteur, il est essentiel d'être bien entouré et de ne pas sauter sur tout le travail que l’on nous propose. D'un côté, il est important de refuser des rôles qui pourraient nous abîmer (trop lourd pour la voix, trop stressant, trop tôt, pas stratégique...), et d'un autre côté, il est important de garder du temps libre pour travailler les rôles futurs et sa voix.
Au début, j'ai un peu foncé tête baissée, acceptant tout ce qu'on me proposait. Quand on est passionnée et que le rôle nous convient, c'est très dur de dire non. Aujourd'hui, j'apprends à dire non, je me suis entouré d'agents qui n'hésitent pas à me le rappeler, et ça me fait beaucoup de bien.
J'ai appris tellement de choses en cinq ans. Le répertoire que j'ai le plus travaillé est le baroque français, je m'y sens aujourd'hui pleinement à l'aise et j'adore ça. Je fais de plus en plus de répertoire baroque italien et de répertoire mozartien, j'ai hâte d'y évoluer.
Vous êtes très prisée pour interpréter le répertoire des XVIIe et XVIIIe siècles, avez-vous un lien particulier avec cette musique ? Est-ce que vous allez aborder des rôles d'œuvres des XIXe et XXe siècles ?
J'ai toujours été attirée par les répertoires des XVIIe et XVIIe siècles car j'aime la manière dont les sentiments y sont traités. C'est une musique pleine d'ornementations, de dissonances, et qui offre une grande liberté d'interprétation. Au-delà de l'aspect musical, ayant commencé ma carrière très jeune, je pense qu'il était très sain de ne pas aborder un répertoire plus lourd trop tôt, et de laisser le temps à la voix de grandir naturellement.
Je commence à diversifier mon répertoire et à me diriger vers un répertoire plus tardif. L'année prochaine, je chanterai notamment Frasquita (Carmen, Bizet) ainsi que La fille du régiment (rôle-titre, Donizetti). Je suis ravie de cette évolution ! Cela me fera une saison très équilibrée entre le répertoire baroque, mozartien et l'opéra-comique.
Votre discographie est déjà très fournie ! Comment s'est-elle construite ? Au hasard des rencontres et des opportunités ou selon des envies musicales précises ?
Ma discographie s'est en effet construite au hasard des rencontres et des opportunités. J'ai eu la chance d'avoir été appelée sur ces différents projets d'enregistrements par les différents ensembles avec qui je collabore. Travaillant régulièrement avec des ensembles spécialisés dans la musique ancienne, il est fréquent que je travaille des œuvres qui n'ont plus été jouées depuis leur création, ce qui constitue une partie de ma discographie.
Vous êtes artiste associée des Festivals de Wallonie 2024, comment cette collaboration se présente-t-elle ?
J'ai été contactée par Isabelle Bodson, la directrice des festivals de Wallonie. Je lui ai proposé plusieurs projets autour du thème du festival "Natures", parmi lesquels a été choisi mon récital "Les chants du ciel et de la terre" avec les musiciens de Cappella Mediterranea. Vous pourrez y entendre des airs de cours, brunètes et extraits de cantates du répertoire baroque français.
Elle m'a ensuite invitée à me joindre à d'autres ensembles pour des programmes prédéfinis. Je retrouverai donc Le Consort (Le bestiaire périmé de Jean-Luc Fafchamps) et Vox Luminis (Fairy Queen de Purcell) avec qui je collabore régulièrement, et je collaborerai pour la première fois avec l'ensemble Kheops (Le pâtre sur le rocher de Schubert).
L'autre artiste associé de cette édition 2024 est l'ensemble Vox Luminis, avec qui vous vous produisez régulièrement. Pouvez-vous nous parler de cette collaboration ?
Lionel Meunier m'invite sur des productions et en fonction de mes envies et disponibilités, je me joins à Vox Luminis sur certaines tournées. J'ai commencé à travailler avec eux il y a deux ans et je fais plus ou moins deux productions par an avec eux.
Au-delà des festivals de Wallonie, quelles seront les prochaines étapes de votre développement de carrière ?
J'ai récemment signé avec un label de disque, nous sommes en plein travail et discussion, j'ai hâte d'en dire plus ! D'un point de vue répertoire, j'aimerais continuer sur la lancée de la saison prochaine et équilibrer les différents répertoires.
Afin de développer ma carrière, je reste bien entourée, mais le plus important est d'écouter et de respecter mon corps, et donc ma voix. C'est un travail quotidien qui j'espère, me permettra de durer ! C'est pour moi le plus important.
Le site de Gwendoline Blondeel : www.gwendolineblondeel.com
Propos recueillis par Alex Quitin, Reporter de l’IMEP.
Crédits photographiques : Camille Doyen