Peter L. L. Benoît, 190 ans

par

Petrus Leonardus Leopoldus Benoit est un compositeur et professeur de musique belge né le 17 août 1834 à Harelbeke et mort le 8 mars 1901 à Anvers.

Son rôle fut à la fois culturel et politique. Sa musique, d'un lyrisme coloré, parcourue d'élans postromantiques et épiques, est une référence à laquelle le public est demeuré fidèle comme à celle d'un barde national. Outre par ses œuvres pour orchestre et ses opéras flamands, Benoit est surtout resté connu pour de vastes partitions avec chœurs : De Schelde (l'Escaut), De Oorlog (la Guerre), Anvers (Anvers), etc. Les compositions de Benoit ont été interprétées avec succès à Paris, Amsterdam, Londres, Vienne et même en Amérique. La 3e Fantaisie pour piano a été arrangée pour harmonie par Arthur Prévost, chef de la Grande Harmonie de 1918 à 1945.

À l'instar de Wagner, Peter Benoit créa un art musical susceptible d'exprimer pleinement le caractère propre à la nation flamande. Un des premiers au sein du mouvement européen du nationalisme musical, Benoit écrivait des essais élaborés et des polémiques afin de défendre ses idées face à l'ordre établi belge. Il considérait comme essentielle l'utilisation de la langue maternelle dans l'enseignement de la musique. Étant convaincu que le caractère national était mieux préservé dans la chanson populaire, il souhaitait établir sa nouvelle musique flamande sur celle-ci.

Parmi ses élèves, on retrouve les compositeurs flamands Lodewijk Mortelmans et Jan Blockx ; ce dernier était son successeur comme directeur du Conservatoire. Benoit exerçait sur eux une grande influence, comme d'ailleurs sur Émile Wambach. Son influence en tant que chef principal du mouvement nationaliste pour une musique flamande était si intense qu'il restait peu de place pour les compositeurs qui travaillaient en dehors des tendances nationalistes. De plus, beaucoup de ses disciples confondaient fins et moyens et considéraient son art communautaire et nationaliste comme la pierre angulaire de toute la production musicale flamande. Les compositeurs qui, en préconisant un art musical autonome correspondant aux courants contemporains en Europe, ne se mettaient pas entièrement au service de la musique flamande ont parfois été condamnés par ses successeurs.

Il plaida, entre autres, pour la néerlandisation de l'enseignement de la musique, pour la musique sacrée en langue vernaculaire, pour l'opéra flamand, pour un festival flamand, pour le théâtre musical flamand dans les petites villes et pour la coopération culturelle avec les Pays-Bas. Bien que Benoit n'eût pu réaliser tous ses projets pour une vie musicale intégrée destinée à la fois au public, à l'amateur et au musicien professionnel, il réalisa néanmoins plusieurs de ses projets controversés, comme la création d'un théâtre lyrique néerlandais (Nederlandsch Lyrisch Tooneel ; l'ancêtre de l'Opéra flamand) et l'accès de son école musicale au statut des autres conservatoires royaux, même s'il lui fallut attendre jusqu'en 1898 avant de voir son rêve devenir réalité. Cette institution a conservé certaines de ses idées et structures jusqu'à ce jour. Avec ses « compositions populaires », il parvint à atteindre un public assez large et à enthousiasmer les masses.

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