Albrecht Mayer, la famille Bach et le grand luxe instrumental

par

Bach Generations. Oeuvres de :  Johann Sebastian Bach (1685–1750), Johann Christoph Bach (1642–1703), Carl Philipp Emanuel Bach (1714–1788),   Gottfried Heinrich Stölzel (1690-1749). Albrecht Mayer, hautbois ; Berliner Barock Solisten. 2023. Livret en allemand et anglais. DGG. 00028948641833

Après le succès de son album consacré à Mozart, Albrecht Mayer, la star mondiale des hautboïstes, remet le couvert avec un volume consacré à Bach.

L’album est bien pitché et on apprend que le jeune Albrecht Mayer avait découvert les oeuvres du Cantor alors qu’il était enfant et même du choeur des garçons de la Cathédrale de Bamberg avant, quelques années plus tard, d’en jouer des pièces célèbres au clavier, comme tout jeune musicien. Dès lors, entre Bach et Albrecht s’est tissé une histoire de passion musicale. Mais pour ce nouvel album, le virtuose a décidé de rendre hommage à toute la famille avec des oeuvres célèbres du paternel Bach mais aussi de Johann Christoph Bach et de Carl Philipp Emanuel Bach.

On retrouve des tubes comme l’Air de la Suite n°3, la badinerie de la Suite n°2 et l’air “Sanfte soll mein Todeskummer” de l’Oratorio de Pâques qui fut attribué à Bach mais qui est de la plume de Gottfried Heinrich Stölzel. En complément de ces sympathiques piécettes, l’album propose du plus sérieux  : des arrangements pour hautbois de concertos pour clavecin, cordes et basses continue des Bach. S’il semble probable que le Concerto BWV 1055 de Johann Sebastian Bach était à l'origine destiné au hautbois, les 2 autres concertos de Johann Christoph Bach et Carl Philipp Emanuel Bach sont des arrangements de Matthias Spindler et Albrecht Mayer. L’album se clôt par l'air “Ach, dass ich Wassers g’nug hätte” de Johann Christoph Bach.

Musicalement ces arrangements sont dans le ton de l’époque et on pourrait se dire qu’il s’agit de versions prototypes de travail car le hautbois était un instrument soliste apprécié auquel Bach avait confié tant de beaux solos dans ses cantates.   

Au niveau de l’interprétation, c’est du grand luxe avec la sonorité ample, généreuse et incroyablement phonogénique d’Albrecht Mayer, parfaitement secondé par les Berliner Barock Solisten. Les puristes pourront regretter un parti pris confortable d’un hédonisme sonore qui fait fi des arêtes anguleuses et de l’énergie intrinsèque, mais c’est de la musique menée par un maître de son instrument dont il fait ressortir tant la beauté sonore que la palette des couleurs. On aurait presque envie de courir s'inscrire pour apprendre cet instrument. 

La prise de son démonstrative ne fait qu’amplifier cette sensation de luxe et de confort musical. Comme souvent chez DGG, le livret est un peu chiche tout en étant uniquement en anglais et allemand. 

Son : 10  Notice : 7  Répertoire : 9  Interprétation : 9

Pierre-Jean Tribot

Chronique réalisée sur base des fichiers numériques

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