Andris Nelsons face à Chostakovitch, une étape décevante 

Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Symphonie n°1 en fa mineur, op.10 : Symphonie n°14 en sol mineur op. 135 ;  Symphonie n°15 en la majeur, op. 141, Symphonie de chambre en do mineur, Op.110a. Kristine Opolais, soprano ;  Alexander Tsymbalyuk, baryton. Boston Symphony Orchestra, Andris Nelsons. 2018-2019. Livret en : anglais et allemand. 157’. DGG 4860546

En parallèle de son intégrale Bruckner à Leipzig, l’excellent Andris Nelsons poursuit ses travaux sur Chostakovitch avec son autre orchestre de Boston. Ce double album qui propose trois symphonies et une orchestration de quatuor est hélas un temps mort dans cette intégrale qui était partie vers les sommets. 

Dès les premières notes de la Symphonie n°1, on sent Andris Nelsons pas franchement à son affaire : les contrastes sont surjoués et le fil narratif est perdu au profit d’une succession d'événements sans trop de liens. Certes, l’orchestre est techniquement phénoménal et la démonstration virtuose des pupitres conserve l’attention. On poursuit cette optique de concerto pour orchestre avec l’énigmatique Symphonie n°15, tout est réglé au millimètre du côté des pupitres, mais la machine tourne à vide, limitée à une mécanique instrumentale. On descend malheureusement d’un cran avec la Symphonie n°14. Si l’optique de la démonstration d’orchestre en parade peut être crédible dans les deux précédentes symphonies instrumentales, elle en devient rédhibitoire dans cette partition tant narrative et dramaturgique. Même les excellents solistes semblent peu investis en dehors d’une froide distanciation. 

Au final, c’est la symphonie de chambre qui est le moment le plus satisfaisant de cet album. Porté par la plastique magistrale de ses pupitres, Andris Nelsons se réveille et dirige avec engagement et sens du narratif. C’est au final, bien peu pour un enregistrement dont on attendait tant ! 

Son : 10  – Livret : 7 – Répertoire : 10 – Interprétation : 7

Pierre-Jean Tribot