Artonov : Vicenzo Casale à l'affut des découvertes et de l'inédit

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Artonov, le festival pluridisciplinaire lié à des lieux d’exception, a passé sa première décennie et entame sa 11e saison. Le temps pour Vincenzo Casale, son fondateur et directeur artistique, de jeter un regard en arrière, d’établir des correspondances et de lancer de nouvelles aventures. Je redécouvre des expériences anciennes que j’aime faire revivre, des liens entre disciplines qui s’éclairent d’un jour nouveau. Tout en restant attentif aux souhaits des gens qui me suivent.  Et c’est vrai que le fidèle d’Artonov présente un profil particulier : ouvert, curieux, prêt à tenter une aventure et amoureux du patrimoine. De quoi créer des rencontres imprévues entre des lieux fascinants et des spectacles innovants.

Une combinaison qui n’est pas facile, selon Vincenzo Casale, car la crise marque son empreinte et qu’il devient difficile de faire ouvrir de nouveaux lieux. A cela s’ajoute un problème d’espace car il faut faire face à un afflux croissant du public. Un lieu comme la VanHaerents Art Collection est précieux car il laisse de la place aux artistes tout en permettant d’accueillir 2 x 200 personnes.

Hidden (vendredi 3.10 à 18h30 et 20h30). On y donne cette année « Hidden », un spectacle de Daniel Proietto où la danse devient un espace de souvenir comme la peinture pour nos ancêtres sur les murs de Lascaut. Le Minotaure se meut dans des espaces labyrinthiques dans des mouvements qui rappellent des rites anciens où la danse sublime la performance pour revenir par essence mouvement.

Le chant du monde (mardi 7.10 à 18H30 et 20H30). Autre rencontre entre un lieu et une forme, Le chant du monde de Alice Hebborn et Pierre Slinckx, créé à Ars Musica 2024 qui nous parle de l’accélération de la vie et ses aléas. Transportée aux milieux des squelettes de dinosaures, elle nous rappelle la survivance du vivant que les musiciens évoqueront au milieu d’une structure sculpturale de grands bois morts.

La géométrie de la lumière (Artonov Lab, du 5 au 12.10). Un nouveau défi pour Casale.Pour la deuxième année, nous nous lançons dans une exposition. Elle confronte des photos de Caroline et Hugues Dubois en « light painting » de Borobudur, le grand temple bouddhiste indonésien avec la tradition javanaise millénaire des Batiks issus de la collection de Jonathan Hope, des étoffes aux contenus spirituels qui évoquent les mystères de la vie. Une confrontation qui me rappelle la phrase de Malraux ; « L’art est le plus court chemin de l’homme à l’homme.»

Artonov Lab. C’est la 2e année que nous nous installons dans notre propre lieu, une ancienne salle de fête, en face du Musée Horta. On peut y présenter des performances dans un cadre intime tel « Goddam Beauty », trois œuvres interconnectées de Daniel Proietto mêlant image et danse (6.10 à 18h30 et 20H30) ou l’évocation des traditions de l’île de d’Amami Oshima dans le sud du Japon (le 11 à 18H30 et 20H30). Et on y installera aussi notre exposition,

Musique de chambre (Artonov, le 4.10 à 18H, le 12.10 à 11,15 et 17H). On y accueillera également une exécution des suites pour violoncelle de Bach où Roman Kernoa jouera chaque suite sur un instrument et avec un archet différent (2e partie le 5.10 à 18H à la Chapelle du Grand Hospice)

J’ai décidé par ailleurs de revenir à la pratique des instruments anciens telle que nous la redécouvrions à nos débuts. Aujourd’hui, les jeunes semblent obéir à de nouveaux canons. Je voudrais leur rendre l’esprit de recherche de nos débuts. J’ai donc invité une poignée de jeunes instrumentistes à travailler avec Alessandro Moccia le septuor de Berwald à la lumière de ses contemporains allemands, du virtuose de la clarinette Crusell et de la tradition viennoise. Cette façon de faire de la musique de chambre en petit comité nous ramène à sa conception originelle de « musique pour la chambre » que l’on joue à la maison (« hausmusik »).

Et ce n’est pas tout. « Mizu », un spectacle pour une danseuse, une marionnette et un marionnettiste investira (4.10 à 16H) les Etangs d’Ixelles. Christophe Morriset et Cassandre Marfin déploieront leur théâtre de papier dans la tradition anglaise pour un court spectacle de marionnettes à la Maison Louise de Hem (les 4 et 5.10 à 15H30 et 17.H00), on découvrira en compagnie de Nicolas Achten et de ses Scherzi Musicali des messes et motets anglais tirés de l’unique Livre de Chapelle des ducs de Bourgogne à nous être parvenu intégralement (le 8.10 à 18H30 à la Chapelle de Nassau).

Et d’autres encore que vous révélera une lecture du site du festival. Sans oublier de repérer à l’avance nombre de ces lieux insolites où vous ne rentreriez pas normalement. Mais c’est cela aussi l’esprit de découverte d’Artonov.

(Artonov, du 3 au 12.10. Divers lieux dans Bruxelles. Info et réservation : www.festival-artonov.eu)

Serge Martin

Crédits photographiques : DR

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