Bach pour viole et orgue

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Bach for two. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Allein Gott in der Höh sei Her BWV 711, 676, 662, 663. Wo soll ich fliehen hin BWV 694. Vater unser im Himmelreich BWV 682. Ich ruf zu dir, Herr Jesu Christ BWV 639. Sonate pour viole en sol majeur BWV 1027. Sonate en Trio no 4 en mi mineur BWV 528, no 5 en ut majeur BWV 529. Romina Lischka, violes. Marnix De Cat, orgue de l’église Sankt Katharina de Kettenis. Mai 2019. Livret en anglais, allemand, français. TT 76’18. Ramée RAM 2005

L’orgue de Bach relu en duo avec un instrument à cordes revient périodiquement frapper à la porte. En février et mai derniers, nos colonnes commentaient les albums Intuitions (Stéphanie Paulet & Élizabeth Geiger chez Paraty) et Copyright (Annegret Siedel & Ute Gremmel-Geuchen chez Aeolus). Après le violon, voici la viole de gambe pour ce CD qui, à l’instar de ces deux disques, inclut la Sonate en Trio no 4 en mi mineur. Ce n’est point un hasard puisqu’on la pense dérivée d’une pièce pour oboe d’amore, viole et continuo. Ces six sonates ont connu divers enregistrements chambristes, certains incluant les tuyaux, comme ceux de Siedlce avec Marek Toporowski (Dux, 2017). Outre la BWV 528, nos deux interprètes ont retenu la BWV 529 en raison de son « caractère épicé et concertant ».

Cependant, l’étincelle de ce programme provient des BWV 1027-1029, comme l’explique Marnix De Cat dans le livret : « tout a commencé lorsque nous avons joué à la maison les trois sonates pour viole de gambe non pas accompagnées par le clavecin comme indiqué mais par l’orgue positif. » Bien sûr, la tentative n’est pas neuve, d’Anner Bylsma & Bob Van Asperen (Sony, mai 1990) à Patxi Montero & Daniele Boccaccio (Brilliant, mars 2015). Mais elle a stimulé les autres étapes de ce Bach for two. La moisson fut si inspirante qu’un tri s’avéra nécessaire pour s’en tenir à la durée de ce récital d’une large heure et quart, où les trois sonates voisinent avec des arrangements de choral. Notamment l’Allein Gott in der Höh sei Her dont on nous propose ici quatre occurrences parmi la dizaine d’opus qu’on attribue au catalogue organistique du Cantor. Et deux chorals parmi les plus émouvants : le Notre Père BWV 682 tiré de la Clavierübung, et l’Ich ruf zu dir tiré de l’Orgelbüchlein

Romina Lischka emploie trois tessitures, principalement basse et dessus, et le ténor dans les deux premiers mouvements de la Triosonate BWV 529. Pour préserver l’intimisme et l’équilibre du dialogue, un petit orgue (17 jeux) a été choisi, celui de l’église Sainte Catherine de Kettenis, lequel à notre connaissance n’avait jamais fait l’objet d’un disque hormis une anthologie publiée par la maison Thomas qui l’a construit en 1999. L’acoustique mate accuse une perception précise et transparente du jeu très articulé de Marnix De Cat. La chaleur du coloris et une captation un peu replète contrastent avec le timbre plus sec des violes, qui elles aussi bénéficient d’un jeu serré. Heureusement, le cantabile n’est pas sacrifié, et s’insère dans un discours polyphonique méthodiquement aiguisé par le duo.

Son : 9 – Livret : 9 – Répertoire : 10 – Interprétation : 9

Christophe Steyne

 

 

 

 

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