Bach sur dulcimer et orgue

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Hebenstreit’s Bach. Œuvres de Johann Sebastian Bach adaptées pour tympanon et orgue. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Sonates en la majeur BWV 1015,  en sol majeur BWV 1019,  en sol majeur BWV 1021, en mi mineur BWV 1023 ; Sarabande en ut majeur BWV 1009/4 ; Preludio en ut majeur BWV 1006/1 ; Prélude en ré majeur BWV 1007/1. La Gioia Armonica. Margit Übellacker, dulcimer. Jürgen Banholzer, orgue. Livret en anglais, allemand, français. Février 2021.  66’00. Ramée RAM2101

On sait que le pantaléon fut une sorte de dulcimer de très grande taille, frappé par différentes sortes de baguettes qui en variaient le timbre. Aucun plan de construction n’en a survécu et son répertoire reste mal connu. Antonomase : l’instrument dérive du prénom du virtuose Hebenstreit (1668-1750) qui sur un modèle chromatique de son invention, construit par le célèbre facteur Gottfried Silbermann, devint un des musiciens les mieux payés de la Cour de Dresde. Louis XIV l’entendit à Versailles. Johann Kuhnau vantait ses prouesses. Bach le connut-il ? Appuyé par les recherches de Margit Übellacker, le livret signé de Jürgen Banholzer accumule les faits et conjectures pour rapprocher les deux hommes et leur art. L’hypothèse d’un Hebenstreit puisant à la littérature pour clavecin et violon pour nourrir ses adaptations trouve son pendant dans la thèse d’Hugo Riemann (1849-1919) selon laquelle les concertos pour clavecin du Cantor pourraient s’inspirer du pantaléon. Par ailleurs, soliste ou accompagnateur ? Diverses pistes sont avérées.

Toutes ces convergences et connivences alimentent le projet de cet album de transcriptions pour dulcimer et orgue, principalement tirées de quatre Sonates pour violon et clavecin ou basse continue. Auxquelles se joignent trois extraits de Partita pour violon ou Suites pour violoncelle solo (la célèbre introduction de la BWV 1007 est au programme). Les tuyaux sont ceux du Bach-Orgel construit en 1990 en l’église Erlöserkirche de Bad Homburg, dans le Land de la Hesse. Une trentaine de jeux parlent à cette tribune d’esthétique baroque allemande, captés avec suavité et proximité, quitte à ce que quelques lourds bruits de console parasitent l’Adagio BWV 1023.

Au demeurant, le contraste entre souffle de l’orgue et la percussion des baguettes n’est pas aussi tranché qu’on l’imaginerait, quand le dulcimer aux mains expertes de Margit Übellacker déploie une telle variété d’effets, des plus chatoyants aux plus feutrés. Parmi les alliances magiques, le Dolce BWV 1015. Interprétation de premier ordre pour ce récital où l’œuvre de Bach se pare d’atours inattendus et de parfaite mesure, comme un vêtement neuf retrouvé dans une garde-robe du grenier.

Son : 9,5 – Livret : 9 – Répertoire : 9-10 – Interprétation : 9,5

Christophe Steyne

 

 

 

 



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