Belle reprise vocale du Trouvère à Liège
Reprise d'un spectacle de 2011, où brillaient dans les rôles-phares Fabio Armiliato et Daniella Dessi, dirigés par Paolo Arrivabeni. Distribution totalement différente bien sûr, en 2018, cette fois sous la direction, tout aussi experte, de Daniel Oren, mais dans la même mise en scène conventionnelle de Stefano Vizioli. Décors noirs, murailles sombres, banales tapisseries rouges ou bleues, tout est triste dans cette mise en scène.
Réussi, quand même, le décor du célébre Miserere, simple triangle entourant une tour, parfaitement en situation. Par contre, le ballet de lances au début de l'acte III parut ridicule, même si le choeur de Pierre Iodice s'y surpassa. L'avantage de cette mise en scène linéaire, c'est d'avoir rendu l'action (plus ou moins) compréhensible.
Le meilleur moment se situe à l'extrême fin, lorsqu'Azucena, ivre de vengeance, clame Sei vendicata, o madre et entame une folle danse de mort, semblable à celle d'Elektra : magnifique ! Vocalement, le quatuor soliste était impressionnant. Violeta Urmana, jamais venue in loco, compte parmi les stars les plus reconnues. De Stride la vampa jusqu'à son cri de fureur sardonique au baisser du rideau, elle a livré une prestation exemplaire. Son timbre de mezzo se confondait parfois avec celui, plus clair cependant, de Yolanda Auyanet, belle Leonora, parfois criarde par excès de puissance, sauf dans ses fortes hallucinations. Pas trop crédible sur scène, Fabio Sartori chantit un Manrico correct, et finalement sympathique.
Le rôle du comte de Luna est un rôle en or : Mario Cassi, bel habitué de l'ORW, s'en est magnifiquement emparé et sa scène du II (Il balen del suo sorriso), que tout le monde attendait, a été bien applaudie. Un Ferrando (Luciano Montanaro), fort en voix, et la subtile Inès de Julie Bailly, petite voix acérée qui monte, complétaient la distribution.
Bruno Peeters
Opéra Royal de Wallonie, Liège, le 16 septembre 2018
Crédits photographiques : Opéra Royal de Wallonie Liège