Chœurs sacrés de Mendelssohn
Félix MENDELSSOHN (1809-1847)
Geistliches Chorwerk
Kammerchor Stuttgart, dir. Frieder BERNIUS
Christiane KARG, Jan KOBOW, Christoph PREGARDIEN, Helene SCHNEIDERMAN, Gotthold SCHWARZ, Ruth ZIESAK et divers ensembles.
Enregistré entre 1983 et 2008 -DDD- 10 CD – CD 1 56'41-CD 2 58'26-CD 3 46'38-CD 4 67'10-CD 5 62'10-CD 6 52'54-CD 7 55'57-CD 8 69'-CD 9 72'23- CD 10 61'51-Présentation livret et textes en allemand et anglais- Chanté en allemand, latin, anglais et français- CARUS 83.020
Dès la première écoute de cet ensemble de 10 CD, ce qui frappe l'auditeur : l'ouverture d'esprit du compositeur! En effet, élevé dans un milieu juif à la fois aisé et ouvert (son père était banquier à Berlin), Félix Mendelssohn a très vite appris à être large d'idées et, déjà, œcuménique. Sa musique religieuse le prouve amplement: de confession luthérienne, il écrira aussi bien pour les calvinistes, les anglicans que pour les catholiques. D'où l'emploi de textes allemands, anglais, latins... Ses œuvres religieuses sont essentiellement écrites pour le chœur et la cathédrale de Berlin, haut lieu de la piété allemande et révèlent de nombreuses influences: celles de l'école vénitienne en 1600 et, plus tardivement, de Marcello (n'oublions pas son voyage dans la péninsule qui l'a profondément marqué) mais on y trouve tout autant son admiration pour Jean-Sébastien Bach (il ressuscita la Mattheüs Passion en 1829) dont il fait siennes la grandeur et la profondeur spirituelle. La Bible que méditait Bach chaque jour, trouve chez Mendelssohn tout autant un lecteur, un penseur attentif. Dès lors l'emploi des psaumes surgit naturellement. De même que cette «forme» retenue qui associe soli, choeurs et souvent orchestre ou orgue. D'où également l'utilisation du vieux choral allemand de Luther qui s'affirme comme la base même d'une religion tournée vers la foule, avec sa respiration collective qui détermine la métrique, avec sa flamme intérieure qui donne tant de puissance à la musique. Ainsi du fameux «choral Vom Himmel hoch qui éclate aux quatre coins de la planète terre, aux quatre vents de l'Esprit aussi». De même pour le Te Deum (2/8) qui s'enflamme et crie sa foi ou le Magnificat (8/1) qui résonne comme une entrée de Haendel. Plus singulière est l'attitude de Mendelssohn qui s'agenouille devant la Vierge (2/7, 5/6) et «déploie sa mélodie comme les phylactères des Anges du Moyen-Age». A écouter cet impressionnant panorama de musique religieuse, on perçoit bien la stature et la profondeur d'un musicien que Debussy qualifiait stupidement de «petit notaire de province». Ici, pas – ou presque- de dramatisme extérieur, symboliquement exprimé par tant d'autres compositeurs. Et d'indéniables sommets dominent l'ensemble. Citons en au moins quelques uns: le Geistliches Lied «Lass, o Herr, mich Hilfe finden (1/3), les Magnificat (1/5, 8/1), la Weinachtskantate «Vom Himmel hoch» avec sa superbe mélodie du Und wär die Welt vielmal so weit, les Sechs Sprüche op.79, le psaume 100 Jauchzet dem Herrn alle Welt dont le vers Denn der Herr ist freundlich semble s'appliquer à Mendelssohn lui-même! Enfin toute énumération s’avérant fastidieuse -et c'est le risque d'une telle « somme »- signalons l'admirable Trauergesang (7/2) et le psaume 98 Singet dem Herrn ein neues Lied (9/21) et le tout autant admirable hymne de Noël sur un texte anglais de Charles Wesley (9/25). La réalisation de cette collection s'étend de 1983 à 2008: c'est dire que l'on a afaire à des prises de son différentes, à des chorales dont les effectifs, les voix ont pu changer en l'espace de 25 années. Mais en dépit de quelques faiblesses ici ou là, l'ensemble s'avère de haut vol. Il complète la parution des Oratorios Elias, Paulus et Christus. Comment ne pas saluer l'enthousiasme, le courage, la profonde connaissance de ce répertoire que manifeste tout au long du présent coffret (10 CD!) Frieder Bernius, mendelssohnnien convaincu et artiste rempli de ferveur!
Bénédicte Palaux Simonnet
Son 9 - Livret 8 - Réperoire 9 - Interprétation 9