Déséquilibre beethovénien

par

Ludwig VAN BEETHOVEN  (1770-1827)
Sonates pour violoncelle et piano op.5 - Variations sur «  Ein Mädchen oder Weibchen  » pour violoncelle et piano - Variations sur «  See the conqu’ring hero comes  » pour violoncelle et piano
Boyan VODENITCHAROV (pianoforte), Rainer ZIPPERLING (violoncelle)
2012- DDD- 71’- Texte de présentation en français, anglais, allemand – Accent – ACC 24 237En composant les Deux Grandes Sonates pour le Clavecin ou Piano-Forte avec un Violoncelle obligé, Beethoven créée pour ainsi dire un genre nouveau. En 1796, il entreprend une grande tournée (Prague, Dresde, Leipzig, etc.) qui le mène à Berlin où il compose ces deux pièces jouées en compagnie du grand Jean-Pierre Duport (1741-1818) -«Monsieur Duport, vous me feriez croire aux miracles quand je vois que vous pouvez transformer un bœuf en rossignol  » disait Voltaire du virtuose.  La seconde de ces sonates (en sol mineur) a parfois été surnommée «  à problèmes  » non pas à cause de ses particularités techniques mais pour sa structure formelle assez inhabituelle. En l’occurrence, les problèmes sont ailleurs. «  Dans l’égalité conséquente des deux instruments et une profondeur de contenu inédite jusqu’ici, […] les deux Sonates op.5 représentent un saut quantique dans l’évolution de la musique de chambre classique pour cordes seules et piano  » note Bernhard Blattmann dans la notice qui accompagne ce disque. Or, cette égalité de traitement est ici tronquée par le déséquilibre entre le pianoforte de Boyan Vodenitcharov et le violoncelle de Rainer Zipperling. Le premier domine les débats de sa puissance virile et implacable -parfaitement beethovénienne- et relègue son partenaire au second plan. L’instrument (trop  ?) ancien de Zipperling (Barak Norman, 1701) -senza vibrato- n’a pas toujours la possibilité de se faire entendre comme il le devrait pour traiter d’égal à égal avec son compère. Le «  violoncelle obligé  » -tournure purement rhétorique- semble parfois encombrer Vodenitcharov qui eût peut-être été plus à l’aise dans des sonates pour piano seul… En complément, deux douzaines de variations sur Mozart (Ein Mädchen oder Weibchen – Die Zauberflöte) et Haendel (See the conqu’ring hero comes – Judas Maccabaeus) où l’on entend Zipperling tomber dans quelques pièges tendus par Papageno. Peu de temps après des Sonates pour violon et piano pas complètement réussies par Midori Seiler et Jos van Immerseel (Zig Zag Territoires), le Beethoven chambriste reste une aventure délicate pour les musiciens qui manient les instruments «  anciens  »…
Nicolas Derny
Son 7 – Livret 9 – Répertoire 10 – Interprétation 7

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