L’Olimpiade

par

Romina BASSO (Megacle), Franziska GOTTWALD (Licida), Karina GAUVIN (soprano), Nicholas PHAN (Clistene), Ruth ROSIQUE (Aristea), Nicholas SPANOS (Aminta), VENICE BAROQUE ORCHESTRA, Markellos CHRYSSICOS (direction)
2012-DDD- 123’- Textes de présentation en anglais et français et textes chantés en italien, français et anglais – Naïve - V5295C’est avec une certaine méfiance que l’on aborde L’Olimpiade. The Opera, double album publié par Naïve juste avant les Jeux de Londres. Brandissant l’idée que le livret de Métastase a été mis en musique par nombre de compositeurs et qu’il est dès lors possible de fabriquer un pasticcio tel que pratiqué à l’époque baroque, les interprètes (et producteurs) pensent justifier cet «objet musical» fait de l’assemblage de pages de Caldara, Cherubini, Cimarosa, Galuppi, Gassmann, Hasse, Jommelli, Leo, Mysliveek, Paisiello, Perez, Pergolese, Piccini, Sarti, Traetta et Vivaldi. Cependant, plusieurs aspects de la démarche donnent à réfléchir. Si l’on comprend que le sujet colle à l’année olympique au cours de laquelle le disque paraît (même si, officiellement, la démarche est indépendante de cela), le choix ne s’en trouve pas légitimé pour autant. Les libretti de Métastase ont inspiré un millier d’opéras et celui-ci semble plutôt insipide là où d’autres auraient pu faire l’objet d’un «collage» plus intéressant sur le plan dramatique. D’autre part, les compositeurs réunis pour l’occasion semblent provenir d’univers bien différents et, si c’est effectivement l’esprit du pasticcio, il manque en l’occurrence d’un véritable fil conducteur pour éviter l’impression de fourre-tout dont l’unité de ton semble l’emporter sur la cohérence de style(s). Les efforts déployés par Reinhardt Strohm dans la note d’intention qui accompagne le disque (plus documentée que le texte inconséquent de Julian Fifer censé expliquer la genèse du projet) ne change rien à l’impression de bricolage que donne le résultat, bien incompréhensible sans le résumé de l’action par Métastase lui-même (l’absence de récitatifs nous laisse sinon dans une épaisse brume en ce qui concerne le suivi de l’action). Malgré les objections qu’appelle l’entreprise, rien n’empêche toutefois de considérer ces deux heures de musique comme un récital d’arias à appréhender séparément. Dès lors, la qualité de l’interprétation sauve l’album de l’anecdotique. Les premières félicitations vont à Markellos Chryssicos qui propose une direction habile et subtile, énergique sans être hystérique. Le plateau vocal appelle également quelques éloges. La palme de l’aisance technique et expressive va à Karina Gauvin qui «incarne» le rôle d’Argène, noble crétoise dont l’air Più non si trovano (de Davide Perez) est l’un des sommets du disque. Les graves parfois un peu compliqués de Romina Basso en Megacle, «vaillant Athénien plusieurs fois vainqueur des Jeux Olympiques» (Métastase dixit), n’entachent pas une prestation également convaincante. Principal bémol, le Clistene de Nicholas Phan manque du charisme « royal » qu’exige le statut du personnage. Qu’à cela ne tienne, si le pastiche paraît trop lâche quant à sa construction, les amateurs de roulades baroques seront servis. A l’écoute de certains opéras de l’époque aujourd’hui exhumés -plus unitaires mais moins attrayants musicalement- cette production vaut bien d’être attentivement écoutée.
Nicolas Derny
Son  10  -  Livret  9  -  Répertoire  6  – Interprétation 9

 

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