Deuxième volume consacré par Elinor Frey aux sonates pour violoncelle du fils Dall’Abaco

par

Giuseppe Clemente Dall’Abaco (1710-1805) : Sonates en sol majeur ABV 28, en mi bémol majeur ABV 37, en ré mineur ABV 45. Duetto en sol majeur ABV 47. Duos en fa majeur ABV 48, en la mineur ABV 49. Elinor Frey, Catherine Jones, violoncelle. Michele Pasotti, théorbe. Federica Bianchi, clavecin. Avril 2022. Livret en anglais, français, allemand. TT 74’51. Passacaille PAS 1122 

Il y a une dizaine d’années, Bruno Cocset gravait un CD intitulé Padre e figlio, consacré aux Dall’Abaco. Pour Teldec, l’ensemble Concerto Köln avait déjà réveillé la flamme des Concerti d’Evaristo Felice, natif de Vérone et Kapellmeister à la Cour de Bavière. Son fils Giuseppe Clemente s’inscrit dans le sillage de l'essor du violoncelle soliste auquel Josetxu Obregón avait consacré un album, ainsi qu’Elinor Frey (Early Italian Cello Concertos chez Analekta). Enseignant le violoncelle baroque à l’Université McGill et à l’Université de Montréal, celle-ci a contribué à l’édition critique des trente-cinq sonates que Dall’Abaco dédia à l’instrument, et s’était déjà illustrée dans un premier enregistrement de quelques-unes d’entre-elles, en mars 2019 pour le même éditeur Passacaille (PAS 1069). 

Né à Bruxelles, Dall’Abaco voyagea en France, Allemagne, Angleterre et s’imprégna des divers styles qui alimentent son langage, sa logique formelle, sa virtuosité, son élégance (deux des dix-huit pièces sont désignées grazioso, un Duo s’achève par un menuet). Ces pages tripartites se distinguent par un actif continuo, où le second violoncelle contribue à la riche texture à plusieurs voix permise par les double-cordes. Certains capricieux passages de bravoure relèvent aussi de l’influence de Giuseppe Torelli (1658-1709), avec lequel avait étudié son père. Les trois opus en duo attestent encore la profonde connaissance de la technique du violoncelle, qui se révèle aussi dans les onze Caprices que grava Kristin von der Goltz (Raumklang). La notice estime même que la Pastorale siciliana (tiré du ABV 37), « à la fois sombre et généreusement lyrique, est sûrement l'un des plus extraordinaires mouvements pour sonate de tout le répertoire pour violoncelle au XVIIIe siècle ».

Pour cette nouvelle livraison, l’équipe a évolué : Catherine Jones succède à Mauro Valli, Michele Pasotti à Giangiacomo Pinardi. Federica Bianchi tient toujours le clavecin, inspiré d’un Ruckers/Blanchet. Elinor Frey continue de nous captiver par sa maîtrise de l’archet et ses narrations entêtantes, sur sa copie de Stradivarius qui sonne un peu pincée. La captation aurait mérité une construction plus large et une physionomie affinée, mais la soliste y respire avec aisance. Parfois un peu austère (le Rondo final de l’ABV 45 semble rétif à l’émotion qui ne demande qu’à s’épancher) mais toujours animée, l’interprétation sobre illustre parfaitement l’évolution de ce répertoire émané du Baroque tardif et émancipé de la viole, -lorsque dans les années 1730 le jeune Dall’Abaco gagnait la reconnaissance du public londonien.

Christophe Steyne

Son : 8,5 – Livret : 8,5 – Répertoire : 8 – Interprétation : 9

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