Du très bon Haydn sous les doigts de Gottlieb Wallisch

par

Franz Joseph Haydn (1732-1809)
The London Sonatas : Sonata n°60 in C major Hob. XVI/50 - Sonata n°61 in D major Hob. XVI/51 - Sonata n°62 in E-flat major Hob. XVI/52 - Variations in F minor Hob. XVII/6 'Un piccolo divertimento' - Sonata n°59 Hob. XVI/49
Gottlieb Wallisch (piano)
2014 - DSD – 74'23'' – Livret de présentation en allemand et en anglais – Linn CKD 464

Gottlieb Wallisch propose un très bel enregistrement des sonates londoniennes de Joseph Haydn. Le pianiste viennois est diplômé de Vienne et son brillant parcours l'a conduit à Berlin dans la classe de Pascal Devoyon puis à Paris dans celle de Jacques Rouvier. On retient aussi sa place de finaliste au concours Reine Elizabeth en 1999. Après trois enregistrements consacrés à Mozart pour le même label celui-ci est dédié à Haydn et ses dernières sonates écrites lors de ses séjours à Londres. Retour au source en quelque sorte pour le musicien qui remporta à l'âge de seize ans le « Joseph Haydn Prize » aux prestigieux « Stravinsky Awards ». En 2009, pour le centenaire du décès du compositeur, il donna une série de concerts salués par la critique au Musikverein de Vienne. Ce Cd est une réussite. Le musicien y démontre à nouveau la beauté et la clarté du son dans ce répertoire. Les choix de tempi sont pertinents dans la lignée des enregistrements de Hamelin ou même Richter. Le pianiste sert à merveille le texte avec précision rythmique, une articulation raffinée et un sens de la forme et de la dramaturgie.
On retrouve donc les quatre dernières sonates écrites par Haydn entre 1789 et 1795 constituant l'apogée de son écriture pianistique. Ecriture qui ouvre la voie au XIXeme siècle. On y pressent tantôt Schubert dans l'andante initiale de la sonate 61, tantôt Schumann dans l'énergie rythmique de l'allegro molto final de la sonate 60. Haydn démontre toute sa maîtrise des structures tonales où originalités et hardiesses harmoniques annoncent la troisième période de Beethoven. La sonate 62 en mib majeur prend une dimension symphonique dans un style pianistique héroïque et puissant ! Il est important de souligner que Haydn a été influencé par le pianoforte anglais différent du viennois. Il visita notamment les ateliers Broadwood et en avril 1792 il venta le pianoforte du musicien et inventeur d'instruments Charles Clagget : « Sir, J'ai été chez vous durant votre absence, y ait examiné vos améliorations aux pianoforte et aux clavecins et ai constaté que vous en avez fait des instruments parfaits ». Les pianos Broadwood ne possédaient peut-être pas la légèreté et les sonorités perlées du piano viennois mais ils s'en distinguaient par plus de robustesse, de puissance, un registre plus étendu et l'existence de pédales à pied permettant le procédé de « una corda ».
Les derniers chefs d'oeuvre de Haydn pour le piano par Gottlieb Wallisch ? Une réussite !
Michel Lambert

Son 9 – Livret 9 – Répertoire 10 – Interprétation 10

 

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