Bugari festival : l'IMEP consacre un week-end à l'accordéon

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Ces 18 et 19 octobre, l'I.M.E.P. sous l'impulsion de Christophe Delporte, a organisé un festival entièrement consacré à l'accordéon avec Domi Emorine et Roman Jbanov du duo Paris Moscou en invités d'honneur.

Ateliers et conférences étaient au programme du samedi après-midi. Hélène Stuyckens et Michel Lambert ont proposé un atelier pédagogique consacré à l'initiation à la créativité en expérimentant divers jeux à pratiquer en semi-collectif. Ensuite, la musicologue Valérie Delforge, doctorante à l'UCL a donné une conférence remarquable cernant l'émergence de l'accordéon en France et en Russie au XIXè siècle. L'accordéon a été inventé par Cyril Damien en 1829 à Vienne. Très vite, il se répand en Europe. Il arrive à Paris via des musiciens italiens qui supplanteront alors la musette (instrument proche de la cornemuse). L'accordéoniste est alors souvent considéré comme une personne de mauvaise fréquentation, « un mauvais garçon qui a des façons pas très catholiques » comme le rappelle la très célèbre chanson. En Russie, le développement de l'accordéon est lié au contexte politique. Instrument du tsar, il deviendra un outil de propagande du régime communiste à travers des chansons patriotiques.

Le luthier Antonin Sforza prend le relais pour une approche organologique de l'instrument. Il décrit son évolution, les différents matériaux utilisés et il décrit les différences entre bandonéon et accordéon.
Deux concerts sont au programme de la journée du samedi avec Astoria à l'affiche. Deux programmes différents mais tous deux consacrés à Astor Piazzolla. Deux effectifs différents aussi. A 17h, l'ensemble est en quatuor pour décliner les grands tubes du compositeur argentin : Libertango, Adios Nonino, Otono Porteno ... A 20h, le groupe porté par Christophe Delporte propose son nouvel album intitulé Astoria Moovie. A savoir les thèmes de Piazzolla écrits pour le cinéma. Astoria joue brillamment, alliant inspiration musicale et énergie rythmique revisitant avec un souffle moderne la musique de Piazzolla. Au chant, Jennifer Scavuzzo est magnifique et émouvante !
Deux concerts sont à l'affiche du dimanche. Celui de 14h voit les étudiants et anciens étudiants montés sur scène avec des projets personnels. Le programme est diversifié et montre les différentes facettes et les différents terrains d'application de cet instrument : chant russe, danse bulgare, musique du monde. On note une belle adaptation des « Tableaux d'une exposition » de Mussorgsky arrangée et jouée par Jimmy Bonesso.
Le festival se clôture en beauté avec le concert de 17h par le duo Paris Moscou. Roman Jbanov vient de Sibérie et Domi Emorine de Bourgogne. Leur route se croisent en 1997 dans des concours internationaux. Le CV de Jbanov est impressionnant. Nous ne citerons que le Trophée Mondial en 1997 qui est à l'accordéon ce que le Reine Elizabeth est au piano ! Le duo joue pendant près de deux heures pour le grand plaisir du public. Le programme est varié et illustre le nom de leur duo. Les deux musiciens proposent un voyage musical entre la France et la Russie, entre le musette noble et virtuose dans des arrangements de qualité et la tradition russe de l'accordéon bayan. Les instruments sonnent à merveille avec des choix de registration très fins.
Voilà une première édition de qualité du Bugari festival, reste à attirer un public plus nombreux !
Michel Lambert
IMEP, Namur, les 18 et 19 octobre 2014

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